Dominique Meeùs
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Dans la reproduction élargie, les capitalistes consomment comme revenu non toute leur plus-value, mais seulement une partie de celle-ci ; l’autre partie est jointe au capital, s’accumule. Il s’ensuit que dans la reproduction élargie la partie du produit de la section I qui représente la plus-value (1 000 M) ne peut être entièrement échangée contre les objets de consommation. Une certaine partie est jointe au capital constant de la section I sous forme de moyens de production supplémentaires et est réalisée ainsi dans les limites de cette section. Par conséquent, ce ne sera pas toute la somme I V + I M, mais seulement une partie de celle-ci, qui passera dans l’échange de la section I avec la section II. Cela est possible seulement dans le cas où le capital constant de la section II est moindre que la somme du capital variable et de la plus-value de la section I. Pour la reproduction élargie, il est par conséquent nécessaire que la somme du capital variable et de la plus-value de la section I (I V + I M) soit plus grande que le capital constant de la section II (II C).
Cette condition de la reproduction élargie sera réalisée si l’ensemble du produit social a, par exemple, la composition suivante en valeur et en valeur d’usage :
I. | 4 000 C | + | 1 000 V | + | 1 000 M | = | 6 000 |
II. | 1 500 C | + | 750 V | + | 750 M | = | 3 000 |
Comme dans la section II le capital constant (1 500) est moindre que la somme du capital variable et de la plus-value de la section I, les capitalistes de la section II ne feront pas une demande pour toute cette somme et les p. 229capitalistes de la section I convertiront une partie de leur plus-value en capital.
Supposons que les capitalistes de la section I accumulent la moitié de leur plus-value, c’est-à-dire 500. Si la composition organique du capital reste chez eux inchangée, ils doivent ajouter au capital constant 400 et au capital variable 100. Par conséquent, sur tout le produit de la section I (6 000 de moyens de production) 4 400 sont consommés dans les limites de cette même section. Les autres 1 600 de moyens de production (qui d’après leur valeur se composent de 1 100 de capital variable et 500 de plus-value) doivent être échangés contre des produits de la section II, car dans leur forme naturelle (moyens de production) ils ne peuvent servir à la consommation personnelle ni des ouvriers ni des capitalistes de la section I.
En analysant la composition du produit annuel, nous étudions par cela même le cycle annuel de la production. Le produit annuel est le produit de la production annuelle. Sa composition en valeur est le résultat du transfert de la valeur des moyens de production dépensés et de la création d’une nouvelle valeur. Dans le produit de la section I cela est exprimé par la formule suivante : 4 000 C + 1 000 V + 1 000 M. Cette formule montre la composition en valeur du produit, tel qu’il est sorti du procès de production de la première année. Pour que la reproduction soit élargie au cours de la seconde année, est nécessaire déjà une autre répartition des parties composantes de la valeur du produit : pour indemniser le capital constant usé il doit être consacré 4 000 sur la composition de la valeur du produit, pour élargir le capital constant, 400, pour acheter de la force de travail, 1 100, et pour la consommation des capitalistes, 500. Ainsi la composition en valeur du produit tel qu’il doit entrer dans la production et dans la consommation de l’année suivante sera : 4 400 C + 1 100 V + 500 M.
Les capitalistes de la section I doivent vendre aux capitalistes de la section II des moyens de production pour 1 600. Mais pour que les capitalistes de la section II puissent employer chez eux des moyens de production pour 1 600 à la place des moyens de production dépensés par eux l’année précédente (1 500), ils doivent augmenter leur capital constant de 100. Ils ne peuvent prendre ces 100 que sur leur plus-value. Si la composition organique du capital reste inchangée, les capitalistes de la section II, en ajoutant à p. 230leur capital constant 100, doivent ajouter au capital variable 50. Leur capital variable s’élèvera au commencement de la seconde année à 800. Sur leur plus-value de 750, ils accumulent ainsi 150 (ils ajoutent 100 au capital constant et 50 au capital variable). Pour la reproduction élargie dans la section II, la valeur du produit de cette section sera, par conséquent, répartie au moment de la seconde année de la façon suivante : 1 600 C + 800 V + 600 M.
Nous avons vu plus haut que la composition de tout le produit social était, à la fin de la première année :
I. | 4 000 C | + | 1 000 V | + | 1 000 M | = | 6 000 |
II. | 1 500 C | + | 750 V | + | 750 M | = | 3 000 |
Maintenant nous voyons que pour commencer la reproduction élargie dans les deux sections, tout le produit social doit avoir au commencement de la seconde année la composition suivante :
I. | 4 400 C | + | 1 100 V | + | 500 M | = | 6 000 |
II. | 1 600 C | + | 800 V | + | 600 M | = | 3 000 |
La réalisation du produit s’effectuera de la façon suivante. Les capitalistes de la section I achètent l’un à l’autre pour 4 400 de moyens de production et réalisent ainsi une partie du produit de cette section. Les ouvriers de la section II achètent aux capitalistes de cette section pour 800 de moyens d’existence et les capitalistes achètent l’un à l’autre pour 600 de moyens d’existence. Quant à l’échange de 1 600 de moyens de production (1 100 de capital variable, 500 pour la consommation des capitalistes de la section I) contre 1 600 de moyens de consommation (1 600 de capital constant de la section II), il a lieu entre les sections I et II. Le nouveau cycle de la production commencera, par conséquent, dans les deux sections sur la base d’un capital plus grand que dans le premier cycle. Dans ce premier cycle tout le capital de la section I était de 5 000 (= 4 000 C + 1 000 V), maintenant il s’élève à 5 500 (= 4 400 C + 1 100 V). Le capital de la section II était au commencement du premier cycle 2 250 (= 1 500 C + 750 V) et au commencement du second cycle il est égal à 2 400 (= 1 600 C + 800 V). Et tout le capital social, qui dans le premier cycle était de 7 250, est maintenant de 7 900.
p. 231Si le taux de la plus-value reste sans changement, le produit de la seconde année aura la composition suivante :
I. | 4 400 C | + | 1 100 V | + | 1 100 M | = | 6 600 |
II. | 1 600 C | + | 800 V | + | 800 M | = | 3 200 |
Sur la base de cette composition du produit après sa réalisation commence le troisième cycle de la production, etc.