Dominique Meeùs
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La concurrence des capitaux et le nivellement du taux du profit

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Mais tout capitaliste cherche à obtenir pour son capital le taux le plus élevé. Il est évident que de nouveaux capitaux seront engagés dans les branches qui donnent le taux du profit le plus élevé ; dans notre exemple, les capitaux afflueront surtout vers la branche I, ce qui amènera l’élargissement de la production et l’augmentation de l’offre des marchandises dans cette branche et ainsi aboutira à la baisse des prix au-dessous de leur valeur. Par conséquent, le profit et le taux du profit baisseront dans cette branche.

D’autre part, dans la branche III, où le taux du profit est le plus bas, il n’y aura pas d’afflux de nouveaux capitaux ; bien au contraire, une partie des capitaux engagés dans cette branche aura tendance à s’échapper. Ici la situation p. 170sera l’inverse de ce qu’elle était dans la branche I, l’offre des marchandises sera en retard sur la demande, les prix monteront au-dessus de la valeur, le profit et avec lui le taux du profit s’élèveront.

La migration des capitaux d’une branche dans une autre continuera jusqu’au moment où dans toutes les branches s’établira un taux moyen du profit. Nous pouvons présenter ce procès dans le tableau suivant :

Branches Capi
tal

cons
tant
Capi
tal

vari
able
Plus-
value
Taux

du

profit
Valeur
de la
mar
chan
dise
Prix
de la
mar
chan
dise
Taux
moyen

du
profit
Écart
entre
le prix
et la
valeur
I 60 40 40 40 % 140 130 30 % − 10
II 70 30 30 30 % 130 130 30 % 0
III 80 20 20 20 % 120 130 30 % + 10
En tout :  210   90   90   390   390   30 % 

Les différents taux du profit dans les différentes branches de production se sont nivelés en une moyenne commune à toutes les branches parce que les prix, sous la pression de la concurrence, se sont écartés des valeurs : dans telle branche, ils sont montés au-dessus de la valeur et dans telle autre, ils sont tombés au-dessous. Mais, parallèlement à l’écart entre le prix et la valeur, il s’est produit un décalage entre le profit et la plus-value. Les capitalistes de la branche I ont reçu un profit de 30 tandis que chez eux il fut produit 40 de plus-value ; en d’autres termes, ils ont touché moins de profit que la plus-value produite. Les capitalistes de la branche III ont reçu un profit de 30 alors qu’il fut produit chez eux 20 de plus-value : ils ont touché plus de profit que de plus-value produite. Enfin, dans la branche II, les prix ne se sont pas écartés de la valeur (puisque nous sommes ici en présence d’une composition organique moyenne du capital) et pour cette raison, le profit coïncide avec la plus-value.

Si, dans chaque branche, les marchandises se vendaient à leur valeur, le taux du profit dans les différentes branches serait inégal. Mais comme les capitalistes courent après le taux du profit le plus élevé, il se produit, sous l’action de la concurrence, un décalage entre le prix et la valeur, entre le profit et la plus-value et le taux moyen du profit s’établit spontanément. La concurrence aboutit donc à ce résultat p. 171que les marchandises sont vendues tantôt au-dessus, tantôt au-dessous de la valeur, tantôt à leur valeur.

Dans les branches où le capital a une composition organique basse, les prix tombent au-dessous de la valeur et le profit est moins fort que la plus-value. Dans les branches où le capital a une composition organique moyenne, les prix coïncident avec la valeur, et le profit avec la plus-value. Dans les branches à composition organique élevée, les prix montent au-dessus de la valeur, et le profit au-dessus de la plus-value.

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