Dominique Meeùs
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Louis Ségal, Principes d’économie politique :
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La plus-value est une partie de la valeur de la marchandise et non l’excédent du prix de la marchandise sur la valeur. Mais le capitaliste se représente la chose tout autrement. Lors de la vente de la marchandise, il transforme en argent ou réalise toute la valeur de celle-ci. Cette valeur se compose de celle des moyens de production, de celle de la force de travail et de la plus-value. De ces trois parties, le p. 166capitaliste n’a payé que les deux premières, qui forment pour lui les frais de production de la marchandise ou son prix de revient ; quant à la plus-value, elle ne lui coûte rien. La plus-value est l’excédent de la valeur de la marchandise sur le prix de revient de cette dernière. Mais on a l’impression que seul le prix de revient est la valeur réelle de la marchandise et que la plus-value n’est qu’un excédent ajouté à cette valeur.
L’excédent de valeur réalisé dans la vente de la marchandise, la plus-value, le capitaliste le considère donc comme l’excédent du prix de vente sur la valeur, et non pas comme l’excédent de la valeur sur le prix de revient. En sorte que la plus-value contenue dans la marchandise ne se réalise point par la vente, mais découle de cette vente même. (K. Marx : le Capital, t. 9, p. 69-70.)
Autrement dit, il semble que la plus-value n’ait rien de commun avec le travail de l’ouvrier.
Le prix de revient dissimule le fait que le travail de l’ouvrier est la seule source de plus-value. Le prix de revient se décompose en capital constant et variable, mais le capitaliste ne fait pas cette distinction ; il ne voit dans le prix de revient que des dépenses pour le capital fixe et circulant. Or, dans la rubrique générale du capital circulant, la dépense pour la force de travail et celle pour les matières premières (partie du capital constant) ne se distinguent en rien l’une de l’autre. Par conséquent, dans le prix de revient le rôle particulier du capital variable en tant que source unique de plus-value devient invisible. Outre cela, la dépense pour le capital variable s’effectue comme une dépense pour le salaire. Et la force du salaire crée l’apparence qu’on ne paie pas la force de travail, mais le travail, l’apparence du paiement de tout le travail de l’ouvrier. C’est pourquoi le fait est dissimulé que la plus-value est créée par le travail non payé.