Dominique Meeùs
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Les formes de la plus-value et leur importance

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Par suite de la séparation des formes différentes du capital, les rapports de classe affectent des formes de plus en plus compliquées. Chaque groupe de la bourgeoisie reçoit sa part de la plus-value suivant ses fonctions dans le mouvement du capital. Les contradictions au sein de la bourgeoisie sont celles engendrées par la répartition de la plus-value. En principe, elles diffèrent essentiellement de la contradiction fondamentale de classe de la société capitaliste entre le prolétariat et la bourgeoisie dans son ensemble.

Le capital commercial et le capital bancaire étant opposés au capital industriel comme capitaux particuliers et autonomes des marchands et des banquiers, qui n’ont aucun rapport immédiat avec la production, on a l’impression que leur revenu n’est nullement lié à l’exploitation de la classe ouvrière, que les revenus des différents groupes de capitalistes ont des sources particulières et indépendantes l’une de l’autre.

À côté du commerçant et du banquier, l’industriel se trouve aussi en face du propriétaire foncier. Ce dernier, comme nous le verrons plus loin, occupe dans la société capitaliste une situation particulière par rapport à tous les groupes de capitalistes. S’opposant aux capitalistes en tant que propriétaires de la terre, il touche sa part dans la masse totale de la plus-value.

La différenciation du capital social en capitaux indépendants et opposés l’un à l’autre : industriel, commercial et bancaire et l’existence de la propriété foncière conduisent à la répartition de la plus-value sous différentes formes : profit (industriel et commercial), intérêt et rente foncière.

Nous avons vu, dans les chapitres précédents, que l’exploitation capitaliste est voilée par la forme du capital et du salaire. Le fait que la plus-value se présente sous des formes particulières, extérieurement indépendantes l’une de l’autre, dissimule l’essence de l’exploitation capitaliste. Ces formes créent l’apparence que les revenus des divers p. 165groupes capitalistes découlent de sources différentes indépendantes ; la source commune et véritable de ces revenus — la plus-value, l’exploitation de la classe ouvrière — devient invisible, ainsi que le fait que, par rapport au prolétariat, toute la bourgeoisie est une classe unique d’exploiteurs.

Le fait que Marx considère la plus-value indépendamment des formes particulières qu’elle revêt, et les rapports entre la bourgeoisie et le prolétariat indépendamment de la division de la bourgeoisie en groupements distincts a, dans la doctrine marxiste, la plus grande importance. Cette méthode permet de mettre à jour les vrais rapports de classe dissimulés derrière toutes les formes de la plus-value, à savoir l’exploitation de la classe ouvrière.

Dans le présent chapitre, nous allons montrer comment, sur la base de la division du capital social en plusieurs parties, la plus-value affecte des formes particulières : profit du capital industriel, profit du capital commercial, intérêt et rente foncière.

Nous commencerons par la transformation de la plus-value en profit du capital industriel puisque le

… capitaliste qui produit de la plus-value, c’est-à-dire qui extorque directement aux ouvriers du travail non payé qu’il réalise en marchandises, est bien le premier à s’approprier cette plus-value. (K. Marx : le Capital, t. 4, p. 8.)

Déjà, entre les mains des capitalistes industriels, la plus-value prend une forme spéciale qui dissimule son véritable contenu.

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