Dominique Meeùs
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Le développement de la technique est accompagné en régime capitaliste de la croissance de l’intensité du travail

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Mais la prolongation de la journée de travail et en particulier la croissance de l’intensité signifient une dépense accrue de la force de travail ; l’ouvrier dépensant dans une journée de travail plus que la force de travail journalière tout en recevant un salaire qui suffit à peine à restaurer la force de travail d’un seul jour, cela veut dire que ce salaire tombe au-dessous de la valeur de la force de travail. Ce qui a pour effet d’user l’organisme de l’ouvrier et d’avancer sa mort.

La consommation de la force de travail par le capital est tellement rapide qu’un ouvrier d’âge moyen est plus ou moins usé… C’est précisément chez les ouvriers de la grande industrie que nous rencontrons le moins de longévité… Donc les générations ouvrières doivent se succéder rapidement. Cette loi ne s’applique pas aux autres classes de la population. (K. Marx : le Capital, t. 4, p. 111.)

La réduction de la durée moyenne de la vie des ouvriers, qui, d’après Marx, est une loi du capitalisme, prouve qu’à mesure du développement du capitalisme, la classe ouvrière ne récupère pas d’une façon systématique sa force de travail. Rappelons-nous les paroles ci-dessus citées de Lénine disant que la rétribution de la force de travail à sa valeur est seulement « l’idéal » du capitalisme, mais nullement sa réalité. Lénine dit, dans un autre passage :

p. 145

Les salaires ouvriers, même à la suite d’une grève des plus tenaces et des mieux réussies pour les ouvriers, s’accroissent beaucoup plus lentement que les dépenses nécessaires à la reproduction de la force de travail. (V. I. Lénine : Œuvres complètes, tome 16, p. 212, édition russe.)

Toute augmentation des salaires est le résultat de la lutte de la classe ouvrière.

99 fois sur 100, une lutte pour une augmentation des salaires ne fait que suivre des modifications antérieures, elle est le résultat nécessaire des fluctuations préalables dans la quantité de production, dans la force productive du travail, dans la valeur de la force de travail, dans la valeur de l’argent, dans l’étendue ou l’intensité du travail pressuré, dans les oscillations des prix du marché qui dépendent des oscillations de l’offre et de la demande et qui se produisent conformément aux diverses phases du cycle industriel ; bref, ce sont autant de réactions des ouvriers contre les actions antérieures du capital. (K. Marx : Travail salarié…, p. 143-144.)

En d’autres termes, l’augmentation des salaires est toujours précédée d’un écart accentué entre le salaire et la valeur de la force de travail.

En régime capitaliste, toute augmentation des salaires n’est qu’une amélioration passagère de la situation de la classe ouvrière, car aussitôt après l’augmentation des salaires vient le relèvement de l’intensité du travail ou l’accroissement des prix des moyens de subsistance ou d’autres facteurs qui augmentent de nouveau l’écart entre le salaire et la valeur de la force de travail. Lorsqu’avec l’augmentation de l’intensité du travail — ce relèvement est une loi du capitalisme — coïncide une augmentation des salaires, cette dernière n’est qu’une amélioration apparente de la situation des ouvriers. En réalité, elle voile la situation aggravée de la classe ouvrière et la baisse de son niveau de vie. De même que la forme du salaire dissimule l’esclavage salarié et crée une illusion de liberté et d’égalité, de même l’augmentation des salaires dissimule le plus souvent une aggravation de la situation de la classe ouvrière. Cette illusion est entretenue par l’aristocratie ouvrière dont la situation s’améliore réellement aux dépens de la masse des travailleurs.

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