Dominique Meeùs
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Louis Ségal, Principes d’économie politique :
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La production capitaliste se développe d’une façon inégale, c’est pourquoi la croissance de la composition organique du capital et la formation d’un excédent de population ouvrière qui lui est consécutive s’opèrent d’une manière inégale. Dans telles branches et entreprises, les ouvriers sont évincés de la production, dans telles autres, on en embauche. Mais dans toutes les branches de la production capitaliste, il se forme une surpopulation relative, un excédent d’ouvriers privés de tout moyen d’existence.
L’accumulation capitaliste produit constamment et proportionnellement à son énergie et à son étendue, une population ouvrière additionnelle dépassant les besoins moyens de la mise en valeur du capital… Avec l’accumulation du capital produite par elle-même, la population ouvrière produit donc, dans des proportions sans cesse croissantes, les moyens de la surpopulation relative. C’est là une loi de population particulière au mode de production capitaliste. (K. Marx : le Capital, t. 4, p. 94-97.)
Telle est la loi de la production capitaliste. La surpopulation ne provient pas des lois naturelles, mais du mode p. 134capitaliste de production : l’excédent de la population n’existe que par rapport aux besoins du capital, mais nullement par rapport aux moyens de production qui, eux, seraient capables d’occuper cet « excédent » de population et de produire ses moyens de subsistance.
L’économiste bourgeois anglais Malthus (1766-1834) a formulé une théorie en vertu de laquelle la pauvreté, la misère et le chômage sont conditionnés par les lois immuables de la nature. L’humanité se multiplierait plus rapidement que n’augmentent les moyens d’existence. Aussi, une partie de l’humanité serait-elle vouée à la famine de toute éternité. Malthus conseillait à la classe ouvrière de limiter les naissances. Selon lui, la surpopulation est une loi naturelle et non la loi du mode capitaliste de production.
Il suffit de regarder de près la réalité capitaliste pour se convaincre que la « loi de Malthus » est une absurdité complète. Ainsi, pendant les crises, la surpopulation relative prend des proportions particulièrement considérables. D’un côté, nous avons des fabriques qui ne fonctionnent pas, c’est-à-dire que nous avons un excédent de moyens de production, les marchandises produites ne trouvant pas de débouchés se détériorent et sont même détruites par les capitalistes, et, d’un autre côté, nous avons des armées de sans-travail privés de moyens d’existence et ne trouvant pas à appliquer leur force de travail.
[…] les masses travailleuses manquent de moyens de subsistance pour avoir produit trop de moyens de subsistance.
En régime capitaliste, les moyens de production ne sont pas simplement des moyens de production, mais du capital ; les marchandises y sont produites d’une façon capitaliste, elles renferment une quantité déterminée de plus-value. Avant d’être consommées, ces marchandises doivent être converties en argent pour apporter aux capitalistes la plus-value qui y est renfermée. C’est à cette seule condition que les moyens de production peuvent fonctionner comme capital.
La nécessité pour les moyens de production et de subsistance de prendre la qualité de capital se dresse comme un spectre entre eux et les ouvriers. C’est elle seule qui empêche p. 135la conjonction des leviers matériels et personnels de la production ; c’est elle seule qui interdit aux moyens de production de fonctionner, aux ouvriers de travailler et de vivre.
Donc la surpopulation relative existe parce qu’il existe le capitalisme. Avec l’abolition de ce dernier, la surpopulation relative est appelée à disparaître. La meilleure preuve en est l’exemple de l’U.R.S.S. où le chômage est liquidé définitivement.