Dominique Meeùs
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Louis Ségal, Principes d’économie politique :
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Examinons d’abord l’accumulation, lorsque la composition organique du capital reste la même (l’exemple que nous venons de citer). Cette accumulation avait lieu surtout au début de la production capitaliste où les machines n’étaient guère employées (la période des manufactures). Dans ces conditions, tout élargissement de la production impliquait l’accroissement du capital variable dans la même proportion que celui du capital constant. Mais cela signifiait que la croissance de la demande de main-d’œuvre était en somme proportionnelle à la croissance du capital.
Il peut arriver que les besoins de l’accumulation du capital soient supérieurs à l’accroissement du nombre d’ouvriers, qu’on demande plus d’ouvriers qu’il ne s’en présente et que les salaires montent. (K. Marx : le Capital, t. 4, p. 73.)
Mais ce relèvement des salaires ne peut être que temporaire. Les salaires une fois augmentés, la plus-value diminue, les autres conditions étant égales. Si la diminution de la plus-value atteint des proportions importantes, l’accumulation diminuera d’autant. Mais la diminution de cette dernière conduit à la diminution de la demande de main-d’œuvre et par conséquent à celle des salaires.
On voit donc que le mouvement des salaires est p. 129subordonné aux nécessités de l’accumulation du capital même lorsque celle-ci a lieu sans aucun changement de la composition organique du capital.
Le développement du capitalisme est rattaché d’une façon indissoluble à la croissance de la composition organique du capital. Dans le régime de la concurrence, la victoire appartient au capitaliste qui vend la marchandise au prix le plus bas. Aussi, chaque capitaliste cherche-t-il à baisser ses prix de revient ; il a recours à la baisse des salaires et à l’introduction de nouvelles machines qui augmentent la productivité du travail. Mais cela implique la croissance de la composition organique du capital, c’est-à-dire l’augmentation de la part du capital constant dans l’ensemble du capital ou une croissance plus rapide du capital constant par rapport au capital variable.
Reprenons notre précédent exemple et supposons qu’ajoutant à son capital 2 000 francs de plus-value accumulée, le capitaliste investisse dans le capital constant et dans le capital variable non pas 4 000 francs pour chacun, mais 4 500 dans le capital constant et 3 500 dans le capital variable. L’un et l’autre auront subi une augmentation, mais le capital constant se sera accru plus rapidement que le capital variable. En admettant que le taux de la plus-value reste le même, soit 100 %, la masse de la plus-value montera à 3 500.
Mais avec l’accroissement de la composition organique du capital, la productivité du travail grandit, ce qui fait naître la production de la plus-value relative et la croissance du taux de la plus-value. Ce dernier subissant un accroissement de 50 % et atteignant le chiffre de 150 %, le capital variable de 3 500 créera une plus-value de 5 250 francs.
Plus vite augmente la composition organique du capital, plus rapidement s’accroît la productivité du travail et en même temps le taux et la masse de la plus-value. Mais si la plus-value s’accroît rapidement, l’accumulation du capital devient plus rapide, cette accumulation n’étant rien d’autre que la transformation de la plus-value en capital.
La croissance de la composition organique du capital accélère l’accumulation. Mais la croissance de celle-ci implique l’extension de la production, l’agrandissement de l’entreprise. Or, dans une grande entreprise, il existe plus de possibilités d’appliquer de nouvelles machines, c’est-à-dire d’augmenter la composition organique du capital.
p. 130Le rythme accéléré de l’accumulation dû à la croissance de la composition organique du capital devient à son tour la cause de la croissance accélérée de la composition organique du capital, ce qui accélère encore l’accumulation, etc.