Dominique Meeùs
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L’ouvrier touche son salaire non au moment où il vend au capitaliste sa force de travail, non à la conclusion du contrat de travail, mais lorsqu’il a accompli le travail, c’est-à-dire lorsque le capitaliste a utilisé sa force de travail. En d’autres termes, l’ouvrier fait crédit au capitaliste, puisqu’il produit une valeur supérieure à celle de sa force de travail avant que le capitaliste ait acquitté la valeur de cette force de travail. Sans doute, le capitaliste lui verse le salaire avant d’avoir écoulé les marchandises. C’est pourquoi se crée l’apparence que le capitaliste avance, sur son propre fonds, le salaire à l’ouvrier. Cependant, cette apparence s’évanouit dès que nous dépassons le cadre d’un seul cycle de production et que nous examinons les rapports entre la classe ouvrière et la classe des capitalistes dans le procès de reproduction.
Supposons que le salaire soit payé à la fin de chaque semaine. Lorsque, dans le courant de la deuxième semaine, le capitaliste vend la marchandise produite pendant la première semaine, il convertit en argent la valeur créée par l’ouvrier au cours de la première semaine et c’est avec cet argent qu’il lui paye son salaire à l’expiration de la deuxième semaine.
Son travail [celui de l’ouvrier] du jour ou du semestre est payé par son travail de la veille ou du semestre précédent… La classe capitaliste remet continuellement à la classe ouvrière des lettres de change sur une partie du produit fourni par la seconde mais accaparé par la première. Mais l’ouvrier les rend tout aussi continuellement à la classe capitaliste et lui enlève ainsi la partie qui lui revient de son propre produit. (K. Marx : le Capital, t. 4, p. 12-13.)