Dominique Meeùs
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Louis Ségal, Principes d’économie politique :
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Le salaire aux pièces est payé à l’ouvrier pour chaque unité de marchandise. Mais, en réalité, le salaire aux pièces n’est rien d’autre que la forme modifiée du salaire au temps. On considère, pour le fixer, la quantité de marchandises produites par l’ouvrier pendant une unité de temps donnée. Si en 8 heures l’ouvrier produit 16 unités d’une marchandise, le salaire au temps étant de 4 francs par jour, le salaire aux pièces sera de 0,25 pour chaque unité de marchandise.
De même que le salaire au temps, le salaire horaire n’est nullement la rétribution de la valeur créée par l’ouvrier en une heure, de même le salaire aux pièces n’est pas la rémunération du travail dépensé par l’ouvrier pour la production d’une unité de la marchandise donnée.
Il ne s’agit pas de mesurer la valeur de la pièce par le temps de travail qui s’y trouve réalisé, mais de mesurer au contraire le temps dépensé par l’ouvrier par le nombre des pièces produites. (K. Marx : le Capital, t. 3, p. 257.)
Si le salaire au temps crée l’apparence que c’est le travail qui est rétribué et non pas la force de travail, le salaire aux pièces dissimule plus encore l’exploitation. Ici, on a l’impression que l’ouvrier se présente comme vendeur de la marchandise qu’il a produite.
Le salaire dépend de la quantité des pièces produites, c’est pourquoi le salaire aux pièces agit comme moyen automatique d’augmentation de l’intensité du travail. Or, l’augmentation de l’intensité du travail signifie l’accroissement de la dépense de force de travail pendant chaque heure. L’effet est le même que lors de la prolongation de la journée p. 120de travail. Le salaire tombe au-dessous de la valeur de la force de travail. En fin de compte, l’organisme de l’ouvrier s’use plus rapidement.
Le salaire au temps et le salaire aux pièces sont les formes essentielles du salaire ; ils sont à la base de tous les systèmes de salaires.
Somme toute, il est évident que rien n’est modifié dans la nature même du salaire par le mode différent de paiement, bien que l’un des modes soit plus favorable que l’autre au développement de la production capitaliste. (K. Marx : le Capital, t. 3, p. 256.)
Toutes les formes du salaire dissimulent l’exploitation capitaliste ; toutes, elles constituent un moyen de réduire le prix de la force de travail au-dessous de sa valeur. La plus-value est créée par l’ouvrier même dans le cas où la force de travail est payée à sa valeur. La plus-value doit donc être d’autant plus grande que le salaire tombe plus bas que la valeur de la force de travail. Une partie du temps nécessaire est transformée en temps supplémentaire.
Dans son explication de la plus-value, Marx part de la supposition que la force de travail est payée à sa valeur. Mais il indique que le procédé d’augmentation de la plus-value par la baisse du salaire au-dessous de la valeur de la force de travail
… joue un rôle important dans le mouvement réel du salaire ouvrier. (K. Marx : le Capital, t. 2, p. 198.)
Le capitalisme tend à payer la force de travail au-dessous de sa valeur.
La théorie du capital implique que l’ouvrier reçoit la valeur entière de sa force de travail. C’est l’idéal du capitalisme, mais non la réalité. (V. I. Lénine : Œuvres complètes, tome 2, p. 415, édition russe.)
En traitant de la loi de l’appauvrissement de la classe ouvrière en régime capitaliste, nous indiquerons quel est le mouvement réel des salaires en régime capitaliste.