Dominique Meeùs
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Louis Ségal, Principes d’économie politique :
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La théorie des trois sources du revenu prêche l’harmonie des classes. Si le profit ne vient pas de l’exploitation de l’ouvrier, mais des moyens de production, capitaliste, propriétaire foncier et ouvrier ont un intérêt commun, à savoir accroître au maximum la production, puisque plus la production sera abondante, plus sera grande la part de chacun. Et Braunthal invite les ouvriers à produire le plus possible.
On ne saurait jamais répartir plus qu’il n’a été produit. Plus on produira, plus il sera réparti. C’est pourquoi l’ouvrier est indéniablement intéressé à l’accroissement maximum de la production.
Comme en réalité il n’y a que l’ouvrier qui rend « les services productifs », l’appel de Braunthal n’est rien d’autre qu’un appel aux ouvriers pour qu’ils produisent le plus possible pour les… capitalistes.
La théorie des trois sources du revenu ne nie pas la lutte entre les ouvriers, les capitalistes et les propriétaires fonciers, mais elle considère cette lutte comme ayant pour p. 107objet la répartition du produit. Cette lutte implique une communauté d’intérêts. Pour obtenir le plus possible, chacun doit s’évertuer à produire le maximum « pour le bien commun ». Ainsi, les rapports de classe sont ramenés aux rapports de répartition. Le même Braunthal écrit :
La lutte de classe acharnée qui se déroule dans la société actuelle est, avant tout, une lutte pour la répartition du produit social, et ce n’est qu’après que viennent les problèmes relatifs à l’organisation de l’économie.
En d’autres termes, la lutte de classe entre la bourgeoisie et le prolétariat ne concerne ni l’organisation de l’économie sociale ni la question de savoir quelle classe doit gérer cette économie ; ce seraient là des questions secondaires. Le principal, c’est comment répartir le produit social, dans le cadre du régime capitaliste.
D’après cette conception, on peut concevoir en régime capitaliste une répartition de la production équitable pour la classe ouvrière ; il est inutile, par conséquent, d’abolir le capitalisme.