Dominique Meeùs
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Le développement de la productivité du travail

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À ses débuts, le capitalisme utilise la forme de technique qu’il a trouvée, c’est-à-dire la technique des petits producteurs. Mais la production capitaliste est, dès le début, une grande production. Dans un atelier travaillent plusieurs fileurs, tisseurs, etc. Ces producteurs collaborent, mais c’est une collaboration encore élémentaire, c’est la coopération simple : tous accomplissent un même travail, mais l’accomplissent en commun, ce qui communique au travail une vitesse et une allure plus vives. Tous, ils sont surveillés et stimulés par le capital.

Les ouvriers qui travaillent en commun déploient déjà, au stade de la coopération simple, une force productive beaucoup plus grande que lorsqu’ils travaillent isolément. La productivité du travail commun de cinq hommes est supérieure à la productivité de cinq ouvriers isolés. Cette nouvelle force productive, purement sociale, ne coûte rien au capitaliste, puisqu’il rétribue seulement la force de travail individuelle de chaque ouvrier.

À côté de la coopération simple apparaît la coopération développée par la division du travail à l’intérieur de chaque entreprise. Chacun des ouvriers devient un ouvrier parcellaire, chacun d’eux accomplit une seule opération nécessaire à la production d’une marchandise. La productivité du travail s’accroît, mais le travail se fait encore à la main. La production capitaliste exista longtemps sous cette forme de la manufacture. Mais, dans cette dernière, la productivité du travail, tout en augmentant avec le développement de la division du travail à l’intérieur des entreprises, s’accroît très lentement : la force physique de l’homme étant la limite de l’augmentation de la productivité.

L’apparition de machines révolutionne d’un coup la production. Au début surgit la machine-outil, qui accomplit les opérations auparavant accomplies par l’ouvrier et qui remplace plusieurs hommes. Mais la mise en mouvement de ces machines dépassait la force d’un seul ouvrier. On découvrit un moteur mécanique : la machine à vapeur qui met en mouvement plusieurs machines-outils à la fois. Au début, les machines sont fabriquées à la main, mais à la longue parurent des machines pour la construction de machines ; l’industrie des constructions mécaniques naquit. p. 99La manufacture est remplacée par la grande industrie mécanisée ; la fabrique capitaliste fait son apparition.

La lutte des ouvriers pour la limitation de la journée de travail et pour l’augmentation des salaires ainsi que la concurrence entre les capitalistes oblige ces derniers à introduire des perfectionnements toujours nouveaux. Les machines deviennent plus grandes, leur vitesse s’accroît, des machines nouvelles sont sans cesse introduites, on adopte de nouvelles matières premières, à côté du moteur à vapeur apparaissent le moteur électrique et le moteur à explosion.

Cet essor de la technique qui indique la maîtrise de l’homme sur les forces de la nature, loin de faciliter le travail de l’ouvrier, le rend plus pénible, asservit de plus en plus l’ouvrier au capital.

Dans la société capitaliste, le progrès de la technique et de la science équivaut au progrès dans l’art de pressurer l’ouvrier.

Lénine, « Un système “scientifique” pour pressurer l’ouvrier », Œuvres, tome 18, p. 619.
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