Dominique Meeùs
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[*] Ne pas confondre « temps nécessaire » avec « temps de travail socialement nécessaire » que nous connaissons déjà au chapitre 2. Par ce dernier, on entend ce qu’il faut pour produire une unité d’une marchandise donnée, tandis que « temps nécessaire » représente une partie déterminée de la journée de travail. Ainsi, en ramenant à 2 kilogrammes de pain par jour les moyens d’existence de l’ouvrier et en admettant qu’il faut dépenser deux heures de travail socialement nécessaire pour produire un kilo de pain, le nombre de deux heures exprimera « le temps socialement nécessaire » pour la production d’un kilo de pain, alors que « temps nécessaire » pour créer la valeur de la force de travail sera égal à quatre heures.
La nouvelle valeur créée par l’ouvrier pendant sa journée de travail se divise en deux parties : 1. l’une compense la valeur de la force de travail ou celle du capital variable ; 2. l’autre forme la plus-value. En conséquence, la journée de travail de l’ouvrier se divise en deux parties : 1. le temps nécessaire à la reproduction de la valeur de la force de travail ; 2. le temps pendant lequel est créée la plus-value. Marx appelle temps nécessaire [*] la partie de la journée de travail pendant laquelle l’ouvrier reproduit la valeur de sa force de travail et temps supplémentaire, le temps pendant lequel l’ouvrier crée la plus-value. Dans l’exemple ci-dessus, la journée du fileur se compose de 4 heures de temps nécessaire et de 4 heures de temps supplémentaire. Le travail dépensé pendant le temps nécessaire est le travail nécessaire et celui dépensé pendant le temps supplémentaire est le surtravail.
Le rapport du temps supplémentaire au temps nécessaire exprime le degré de l’exploitation de l’ouvrier par le capitaliste. Dans notre exemple, le rapport du temps supplémentaire au temps nécessaire est de 100 % en d’autres termes, l’ouvrier travaille pour le capitaliste autant que pour p. 89lui-même. Plus le rapport du temps supplémentaire au temps nécessaire est grand, plus s’élève le degré d’exploitation. Si le temps nécessaire était de 2 heures et le temps supplémentaire de 6 heures, la journée de travail restant la même (8 heures), le degré d’exploitation serait plus grand : de 300 % (6 : 2) c’est-à-dire que l’ouvrier travaillerait pour le capitaliste trois fois plus de temps que pour lui-même.
Le rapport de la plus-value au capital variable exprime aussi le degré d’exploitation, la plus-value étant créée pendant le temps supplémentaire et le capital variable étant reproduit pendant le temps nécessaire. Nous appelons le rapport de la plus-value au capital variable le taux de la plus-value.
[*] Ce rapport de la plus-value à l’ensemble du capital porte le nom de taux du profit. Voir chapitre 7.
Les économistes bourgeois qui ne reconnaissent pas la division du capital en capital constant et variable ignorent le taux de la plus-value. Ils mesurent la plus-value uniquement dans son rapport à l’ensemble du capital [*], considérant qu’elle est le produit de l’ensemble du capital. Ils dissimulent ainsi le fait que la plus-value provient uniquement de l’exploitation du travail salarié et prétendent que les moyens de production sont susceptibles de créer une nouvelle valeur.