Dominique Meeùs
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Louis Ségal, Principes d’économie politique :
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On ne doit pas confondre la force de travail et le travail. Le travail est un procès de dépense de force de travail. On ne peut pas travailler sans avoir de la force de travail. Par contre, on peut avoir de la force de travail sans travailler, sans la mettre en œuvre ; comme un chômeur, par exemple. La force de travail est la capacité de travailler, tandis que le travail c’est la force de travail mise en mouvement, c’est la dépense de force de travail. L’utilité de la force de travail, p. 78sa valeur d’usage, consiste en ce que sa dépense (le travail) crée la valeur. C’est-à-dire, la valeur d’usage de la force de travail consiste en ce qu’elle est la source de la valeur.
Voyons maintenant quelle est la valeur de la force de travail. La valeur de toute marchandise est déterminée par la quantité de travail socialement nécessaire à sa production. Par conséquent, la valeur de la marchandise « force de travail » doit également être déterminée par la quantité de travail dépensée pour sa production.
Mais comment est produite la force de travail humaine ?
La force de travail n’existe pas en dehors de l’homme. Elle « existe uniquement comme une disposition de l’individu vivant. » (Marx : Le Capital, Livre I, P.U.F., Paris, 2009, p. 192.) Mais tant que l’homme existe, la production de la force de travail se ramène à sa restauration quotidienne. L’ouvrier, qui a dépensé pendant sa journée sa force de travail, rétablit cette force, la reproduit, en consommant une quantité déterminée de moyens d’existence — aliments, chauffage, logement, etc. Le travail dépensé pour la production de ces moyens d’existence consommés par l’ouvrier pour la reproduction de sa force de travail, est en même temps le travail dépensé pour la production de cette force de travail. Si, par exemple, pour la production des moyens d’existence consommés par l’ouvrier, il a été dépensé six heures de travail social, la valeur de la force de travail est de six heures de travail. La valeur de la force de travail se ramène ainsi à celle des moyens d’existence consommés journellement par l’ouvrier.
Quant à la quantité et à la qualité des moyens d’existence nécessaires à l’ouvrier, elles varient suivant les conditions de chaque pays. Elles dépendent également des conditions culturelles du pays, du niveau des besoins qui existaient au moment où la masse des petits producteurs s’est transformée en classe d’ouvriers salariés.
Par opposition aux autres marchandises, le détermination de la valeur de la force de travail contient donc un élément historique et moral. Cependant, pour un pays déterminé, dans une période déterminée, l’ensemble moyen des moyens de subsistance nécessaires est globalement donné.
La production capitaliste implique la présence continuelle de la main-d’œuvre sur le marché. Mais l’ouvrier est mortel et, par conséquent, il faut le remplacer. Il est évident p. 79que la valeur de la force de travail doit comprendre celle des moyens d’existence de sa famille. Enfin, l’homme, de sa naissance, n’est pas travailleur de telle ou telle profession ou spécialité. Pour former une force de travail qualifiée, il faut une dépense déterminée pour son instruction, dépense plus ou moins considérable suivant le niveau de la qualification de l’ouvrier. Ces frais d’apprentissage doivent également être compris dans la valeur de la force de travail. Plus la qualification de l’ouvrier est élevée, plus a été dépensé de travail pour son apprentissage et plus grande sera la valeur de la force de travail.