Dominique Meeùs
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Louis Ségal, Principes d’économie politique :
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Le prix étant la forme monétaire de la valeur, le mouvement des prix est au fond déterminé par le changement de la valeur des marchandises. L’accroissement de la productivité du travail social provoque la diminution de la valeur des marchandises et, d’ordinaire, la baisse de leur prix en même temps.
Mais la valeur est un rapport social déterminé de l’économie marchande. Dans cette société, le travail n’est pas divisé suivant un plan, il s’effectue spontanément. Chaque producteur gère lui-même son économie et puisqu’il ignore combien il faut de marchandises d’une espèce donnée pour le marché, il dépense son travail sans égard à la quantité des marchandises demandées sur le marché. Il est donc tout à fait inévitable que telle marchandise, mettons, les tables, soit fabriquée en plus grand nombre qu’il n’en faut pour le marché et une autre en quantité inférieure.
Que se passe-t-il dans le premier cas, c’est-à-dire quand il y aura surproduction de tables ? La production de chaque table a exigé la dépense d’un temps de travail socialement nécessaire, mais comme il a été produit plus de tables qu’il n’en faut sur le marché, c’est que pour la production des tables il a été dépensé par la société plus de temps qu’il n’en faut. Chaque menuisier, pressé par la concurrence de ses confrères, s’évertue à écouler le plus rapidement ses tables et, pour y arriver, il sera amené à baisser les prix. Le prix de la table descendra au-dessous de sa valeur. Cela a pour effet la ruine de quelques producteurs de tables, la diminution de l’offre et finalement le relèvement des prix. Le prix reviendra au niveau de la valeur.
Par contre le relèvement du prix au-dessus de la valeur aura lieu dans le cas où une marchandise donnée sera produite en quantité moindre que le marché ne demande. Dans p. 44ce cas, on se mettra à fabriquer plus de tables, leur prix tombera au niveau de la valeur.
L’écart entre le prix et la valeur est tout à fait inévitable. Il découle de la contradiction de la production marchande, du fait que le travail social s’accomplit sous la forme de travail privé. Aussi le prix de chaque marchandise ne peut-il pas coïncider en règle générale avec la valeur. C’est grâce à ces écarts que se manifeste la valeur de la marchandise, les fluctuations des prix tantôt au-dessus tantôt au-dessous de la valeur se compensent réciproquement et pour l’ensemble des marchandises, pendant un laps de temps plus ou moins prolongé, la moyenne des prix coïncide avec la valeur.
Il est donc tout naturel que dans une société de producteurs dispersés qui ne sont reliés entre eux que par le marché, les lois [c’est-à-dire la détermination du prix de la marchandise par la valeur] ne puissent s’exprimer que sous une forme moyenne, sociale, générale, compensant mutuellement les écarts individuels d’un côté et de l’autre.
L’écart entre le prix de la marchandise et sa valeur ne « supprime » pas la valeur ; pas plus qu’il ne réfute la théorie marxiste de la valeur. C’est précisément par les oscillations des prix autour de la valeur, que se réalise la loi de la valeur. Marx seul a montré comment la valeur régit le mouvement des prix.