Dominique Meeùs
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La forme argent de la valeur

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L’équivalent général est né tout à fait spontanément et non selon un plan établi par les producteurs de marchandises. La marchandise la plus fréquemment échangée contre les autres marchandises devint l’équivalent général.

À diverses époques et dans différents endroits, le rôle de l’équivalent général de la valeur fut rempli par différentes marchandises : bétail, flèches, coquillages, morceaux de fer, de cuivre, d’ivoire, de sel, etc. Avec l’extension des échanges, ces marchandises qui jouèrent le rôle d’équivalents généraux furent évincées par une seule marchandise, les métaux précieux, l’or et l’argent. Lorsque la fonction de la forme générale de la valeur est passée partout et définitivement à l’or et à l’argent, la forme générale de la valeur devint la forme argent et l’équivalent général se transforma en argent.

L’argent c’est une marchandise déterminée, l’or et l’argent (métal), qui seule remplit la fonction sociale d’exprimer la valeur de toutes les autres marchandises.

Il va de soi que si l’or et l’argent n’étaient pas des marchandises, c’est-à-dire s’ils n’avaient pas de valeur, ils ne pourraient exprimer la valeur des autres marchandises, ils ne pourraient pas être l’équivalent général de valeur.

L’or et l’argent ont pris la place de l’équivalent général précisément parce que, par leurs propriétés, ils offrent de nombreux avantages sur les autres marchandises pour l’accomplissement de cette fonction. Ils ne sont pas sujets aux p. 42influences extérieures (ne rouillent pas, ne se décomposent pas), ils sont divisibles à volonté en toutes petites parties, faciles à transporter, etc.

Toutes les marchandises expriment et mesurent leur valeur en argent. La valeur de la marchandise exprimée en argent, c’est le prix. Quand nous disons que cette chaise vaut 20 francs, cela signifie que la chaise contient autant de temps de travail socialement nécessaire qu’il y en a dans une pièce de vingt francs. L’argent exprime et mesure la valeur des marchandises non d’une façon absolue, non en heures de travail, mais d’une façon relative. L’or et l’argent offrent eux-mêmes une valeur dont la grandeur dépend du temps de travail socialement nécessaire dépensé pour leur production. Cette valeur de l’or et de l’argent peut être exprimée non par eux-mêmes, mais par d’autres marchandises. Aussi, l’argent n’a-t-il pas de prix, le prix étant l’expression de la valeur en argent et ce dernier ne pouvant exprimer par lui-même sa valeur.

Toutes les marchandises expriment leur valeur non par elles-mêmes, mais par l’argent. C’est pourquoi il semble que la valeur des marchandises existe non en elles-mêmes, mais dans l’argent, que toutes les marchandises ne sont que des valeurs d’usage et qu’elles possèdent leur valeur uniquement grâce à l’échange contre l’argent, tandis qu’en réalité elles ne peuvent être échangées contre l’argent que parce qu’elles possèdent de la valeur elles-mêmes. La forme argent de la valeur dissimule la nature même de la valeur, elle rend invisible le fait que la valeur n’est que du travail social représenté dans la marchandise.

Produit supérieur du développement de l’échange et de la production des marchandises, l’argent voile et dissimule le caractère social de l’activité privée, le lien social entre les divers producteurs reliés les uns aux autres par le marché.

V. I. Lénine, Karl Marx…, p. 29.
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