Dominique Meeùs
Dernière modification le   
retour à la table des matières — à l’index — à ma page de départ

Amaya

Amaya se veut à la fois un navigateur (browser) et un éditeur wysiwyg de XHTML respectueux des normes et en implémentant la plus grande partie. C’est un objectif intenable. C’est un éditeur intéressant. C’est un navigateur aussi, dans le sens qu’il envoie des requêtes http et essaie d’afficher les pages. Les erreurs de rendu sont excusables dans un éditeur wysiwyg, mais pas dans un navigateur. Il faut écrire avec Amaya et regarder le résultat (comme on le fait en écrivant avec Bluefish) dans Firefox ou un autre vrai navigateur. (Malheureusement, le développement est pratiquement à l’arrêt.)

Il reste des bugs et des limitations, mais Amaya a fait de grands progrès. Il ne supporte pas le Javascript. Je ne sais pas comment il est programmé, mais ce n’est sûrement pas du GTK et ça se voit. En particulier, on ne peut pas entrer de codes Unicode au clavier comme en GTK. (Mais on peut le faire dans les boites de dialogue, en particulier pour remplacer. Je peux donc écrire -- et remplacer par U+2014.) Il y a un panneau de caractères spéciaux avec un certain nombre de caractères utiles, mais c’est forcément très limité. Cela a moins d’importance depuis que j’ai découvert toutes les ressources cachées de mon clavier. On peut aussi insérer une espace insécable par Ctrl+barre d’espacement. Comme il convient en XML, ce n’est pas une entité   mais un caractère U+a0 (qui n’est pas rendu en wysiwyg, mais est rendu par ~ dans l’affichage du code. Cette application n’est absolument pas conçue en UTF-8. Elle rend certains caractères spéciaux par divers bricolages de son programme, mais parfois ça coince. On ne peut même pas afficher les signes prime et seconde (double prime) U+2032 et U+2033. C’est un comble pour un éditeur qui prétend écrire aussi du MathML.

La police d’écran par défaut est Times New Roman, pas Unicode et trop petite. On peut la grandir avec le zoom mais pas la changer dans les préférences. (On peut changer de police dans un fichier de configuration compliqué.)

L’affichage réagit lentement à la souris ou au clavier et on sélectionne toujours trop ou trop peu. Méfiance avant d’effacer.

Quand on corrige l’orthographe, après quelques mots l’application se ferme sans sauver. (Quand on la rouvre, elle demande si elle doit récupérer le fichier.) Elle corrige aussi les tags — ou du moins une partie d’entre eux ; c’est peut-être un dérangement passager.

L’équipe de développement d’Amaya a été probablement plus active et avec plus de moyens que celle de KompoZer. (Mais depuis 11.3, le développement semble être en panne.) KompoZer n’a d’ailleurs pas les mêmes prétentions. Il s’agissait seulement d’apporter de petites corrections et améliorations au code abandonné de NVU en attendant mieux, comme un éventuel nouveau Composer du côté de Mozilla. Amaya est un projet beaucoup plus ambitieux. Il est très orienté XML et permet d’insérer du SVG et du MathML dans une page XHTML. Dommage que Microsoft Internet Explorer sabote les efforts en ce sens. (C’est peut-être changé avec les dernières versions.

Les développeurs d’Amaya ont l’air un peu prisonniers de leurs habitudes personnelles et peu préoccupés de reprendre les modes de fonctionnement et le style d’interface des applications existantes. Il faut donc du temps pour apprendre à s’en servir. Le boîtes de dialogue pour ouvrir un fichier, en créer un nouveau ou l’enregistrer sous un nouveau nom sont absolument uniques au monde (pour ne rien dire de plus méchant). Amaya fait aussi des tables des matières. Les tables des matières récupèrent comme cible des liens les id existants (KompoZer met des numéros aléatoires).

Attention qu’Amaya reconnait les liens symboliques à l’ouverture, mais pas à la sauvegarde : il écrase le lien symbolique par le fichier. Après le travail d’édition, on a donc à l’emplacement ordinaire l’ancien fichier inchangé (ce qui pourrait donner à penser que le travail est perdu) et à la place du lien symbolique la nouvelle version retravaillée. C’est très déroutant si on ne le sait pas (et même encore quand on le sait), donc extrêmement dangereux.

Longtemps, Amaya a eu des bugs très destructeurs. Ce n’est absolument plus le cas actuellement (j’ai écrit ceci en XHTML avec Amaya 11.3, avant de le rééditer en TEI). Même s’il reste divers petits ennuis, dans un Amaya actuel les qualités l’emportent largement sur les défauts. On peut faire du travail assez productif avec Amaya et il n’y a pas tellement d’autres solutions ouvertes et gratuites. Malheureusement, le développement étant en hibernation (mais pas tout à fait mort), il peut devenir de plus en plus incompatible avec les distributions récentes.

Dominique Meeùs . Date: 2011… 2016