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L’actualité quotidienne, les problèmes de la société d’aujourd’hui, ramènent au premier plan de nos réflexions les objectifs et les questions qui étaient celles du nouveau féminisme.
Plus que jamais, nous semble-t-il, la cause des femmes se confond avec l’avenir de l’humanité. Au niveau mondial, l’affirmation paraît évidente : accorder aux femmes la liberté d’être mère, et de limiter le nombre de leurs enfants, investir dans l’instruction des filles et tabler sur leur participation au développement économique, notamment rural, sont des gages de succès dans la maîtrise de l’explosion démographique, de la pauvreté et de la famine.
L’enjeu n’est guère différent pour nos pays industrialisés : en proposant le mi-temps pour tous, nous lancions l’utopie d’un réel partage des tâches entre les hommes et les femmes. Nous mettions en avant la nécessité d’un recentrage de la vie humaine et d’un espace laissé aux besoins d’épanouissement individuel et familial de chacun. Aujourd’hui on ne voit pas comment faire l’économie du partage du temps de travail si l’on veut sortir du chômage…
Les femmes sont les infirmières d’un monde malade, écrivions-nous encore. Cette constatation débouche, elle aussi, sur des interrogations actuelles : quelle est la place accordée par notre société aux activités sociales non productives de richesse matérielle, mais productives de bien-être ? Au nom de quels critères les métiers socioculturels — l’enseignement, la santé, les services sociaux… — souvent choisis par les femmes (quand ils ne sont pas assumés bénévolement par elles) sont-ils relégués au rang d’emplois mal payés, et sans avenir ? Plutôt que de réserver aux femmes le soin d’adoucir une société trop inhumaine, n’est-il pas temps de préparer ensemble pour les générations futures — des deux sexes — un monde plus solidaire ?
Lorsque l’avenir semble bouché, il est tentant de s’appuyer sur le vécu traditionnel dont la mémoire entretient l’image d’un bonheur tranquille, assuré par les mères et les grands-mères. Cette vague nostalgie d’un passé idéalisé se mue en menace politique précise lorsqu’elle s’exprime à travers les thèses de l’extrême droite et des fondamentalismes.
Aussi faut-il redire que l’option pour l’égalité entre les sexes est le premier pas vers le respect de chacun dans sa différence. Il n’est donc pas permis de revenir en arrière. Cela équivaudrait à un recul de la civilisation. Il y a lieu de rester vigilant.
En ces temps frileux de repli sur soi, les témoignages évoqués ici rappellent que le militantisme peut être joyeux, que le plaisir a sa place dans l’action collective. L’histoire du nouveau féminisme atteste du dynamisme qu’il y a à convaincre les un-e-s et les autres de leur aptitude à construire un monde meilleur. À participer plutôt qu’à subir.
1971 : suppression des catégories « hommes » « femmes » dans la règlementation du chômage
1972 : révision de la loi sur la contraception
1975 : la directive européenne sur l’égalité de rémunérations est intégrée dans la convention collective belge no 25
1976 : réforme des régimes matrimoniaux
1978 : loi du 4/8/1978 intégrant les directives européennes sur l’égalité de salaires et de traitement
1984 : droits successoraux du conjoint survivant
1987 : loi sur la filiation
1988 : réforme des impôts et suppression du cumul des revenus des époux
1989 : loi permettant l’avance par les CPAS sur les pensions alimentaires ; loi sur le viol
1990 : légalisation de l’avortement