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Les Lesbiennes radicales

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Lors d’une réunion préparatoire au 11 novembre 1973, les lesbiennes se présentent en groupe sous le nom de Lesbiennes radicales. Première rencontre entre femmes semblables et différentes, première rencontre de groupe à groupe.

« Notre premier groupe : les Biches Sauvages, raconte Irène3. On éditait un petit journal. Nous participions au mouvement des femmes, nous avons tenu un stand à la deuxième Journée « F ». Ensuite, nous avons participé à la Maison des femmes et créé Homo L, un nom qui dit bien ce qu’il veut dire. C’était un groupe informel de féministes, lesbiennes, révolutionnaires. Ce n’était pas facile de s’intégrer dans la Maison des femmes. Nous avions d’ailleurs des problèmes d’intégration partout. Nous sommes à la pointe de tous les combats, mais face à nous certaines femmes se sentent rejetées comme féministes de seconde zone qui se compromettent avec l’ennemi… Les autres femmes avaient peur et nous leur reprochions de ne pas venir à nos fêtes. » Parlant de la cohabitation, elle ajoute : « Cela a amené une ouverture, un respect pour quelque chose qui pendant longtemps a été considéré comme une déviance. Il y eut les mêmes types de conflit dans toutes les maisons et mouvements de femmes. »

Chaque lundi, les Lesbiennes radicales se réunissent à la Maison des femmes. Elles ne souhaitent pas, sauf raison exceptionnelle, que d’autres femmes participent à leurs réunions. Leur radicalisme est politique, affirment-elles. D’où peut-être leur sentiment que toute action positive est déjà compromission.

Des lesbiennes font partie d’autres groupes féministes et fréquentent personnellement la Maison des femmes. C’est en tant que groupe que les Homo L marquent une distance peut-être inévitable mais ressentie comme un échec de part et d’autre. Malgré les difficultés, leur présence dans la maison n’est pas contestée ; au contraire : elle est le signe de la sororité des femmes face à une société qui divise.

Notes
3.
Intervention aux soirées rétrospectives des Années fastes de notre histoire, à l’occasion de la Journée internationale du 8 mars 1986, au « 29 » rue Blanche.
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