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Heureuses de trouver un local pas comme les autres, situé dans un quartier devenu populaire, les féministes n’ont pas pensé, ou pas tout de suite pensé que leur présence allait étonner, scandaliser et même inciter à des actes de violence.
« Nous volons un espace aux habitants. Exaspérés, les habitants nous volent », dit Marie Denis, exaspérée elle-même le jour où il lui est fait reproche d’avoir appelé la police. Les cassettes contenant les cours du CFRP (Centre de formation à la responsabilité politique) venaient d’être volées ainsi que divers appareils : comment ne pas essayer de les récupérer alors que l’animatrice du groupe est au désespoir ? En réalité, il s’agit plus souvent de déprédations que de vols. La Maison des femmes dérange. Lorsqu’un club de jeunes s’installe au premier étage, la Maison, qui étale ses affiches tout au long du couloir, fait scandale. La Commune demande à plusieurs reprises de modérer l’affichage. Censure inacceptable, répond la Maison. Mais l’obscénité du vandalisme dépasse parfois les bornes et il faut s’armer d’une grosse dose de sang-froid pour en effacer les traces.
Le voisinage a des aspects réconfortants. Le magasin d’en face, tenu par une famille turque, fournit à tout moment de délicieux fruits et autres produits de première nécessité. Réciproquement, la maison offre aux femmes turques, aux femmes arabes, l’occasion de fréquenter un lieu honorable parce qu’exclusivement féminin. Elles consultent volontiers Médecine-Femmes, parfois le groupe juridique. Un groupe Femmes turques se réunit le dimanche pour entretenir et communiquer aux jeunes les savoirs culturels féminins.