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Habiter sans s’installer

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L’envie, souvent répétée, de rester les vagabondes de la nouvelle culture fait place à un souci d’efficacité et aussi à la nécessité de montrer le sérieux de ce que l’on entreprend, de ce qu’on représente. Le féminisme n’est pas un jeu. En même temps, les protagonistes s’interrogent : faut-il vraiment quitter ces lieux aléatoires ? Ne risquent-elles pas de se retrouver entre les quatre murs qu’elles ne connaissent déjà que trop, au point d’y perdre tout esprit d’invention ? « Au début, le mot “maison” me faisait problème, dit Denise Loute. Mais j’ai compris qu’il s’agit du lieu ou l’on se retrouve, ou l’on crée des liens ; rassemblement et identité. Autonomie. Maison n’égale pas association ou fédération ; cela s’inscrit davantage dans le concret de la vie. On ne s’implique pas seulement au niveau des idées, mais dans toute son attitude3. »

Jeanne Vercheval exprime plus de réticences : « Je ne pouvais imaginer que le féminisme rentrait à la maison : les femmes devaient être dans la rue, ou sur le lieu de travail, ou l’une chez l’autre. Il ne fallait pas remplacer les CPAS et autres institutions qui auraient dû normalement aider les femmes4. »

Le projet se veut pratique : ne plus courir aux quatre coins de la ville pour se rencontrer ; faciliter les échanges entre groupes, préparer des actions communes, avoir une adresse, un numéro au bottin, en un mot : exister.

Le projet se veut expérimental : créer une organisation sans hiérarchie, un lieu ouvert à toutes les femmes, où toutes prendraient la parole à leur niveau, sans gêne d’aucune sorte. Pour réaliser cela, le local offrirait : un bar-restaurant, une halte-garderie, des ateliers en tout genre, des rencontres occasionnelles et des réunions régulières.

Ceci n’est que le projet de base, mais qui justifie et rend possible la concrétisation de l’entreprise.

Notes
3.
Cofondatrice de la Maison des femmes, Denise Loute y participe comme juriste notamment. Interview, octobre 1991.
4.
Interview, octobre 1991.
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