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À Bruxelles, avant même l’ouverture de la maison des femmes, le Groupe A (comme avortement)15 se met sur pied. On y trouve Christiane De Witte, Miche Fallon, Nadine Plateau, Bernadette Sacré, qui connaît bien le problème pour avoir tenu une permanence pour jeunes à la ferme V. Les adresses de secours sont les mêmes qu’ailleurs. Une collaboration s’établit avec la maison médicale Norman Béthune qui accepte d’assurer l’examen préalable et le suivi nécessaire pour les avortements pratiqués en Hollande. Les féministes s’organisent pour accompagner les femmes qui doivent subir un avortement. Elles viennent souvent seules, n’osent pas en parler autour d’elles, et ont besoin d’être soutenues. Des femmes du Groupe A se rendront ainsi régulièrement pour un voyage d’un jour en Hollande : « c’était très perturbant : parfois elles nous demandaient de rester près d’elles et de leur tenir la main16… »
Le centre de planning familial de l’ULB (IOC, rebaptisé ensuite Aimer à l’ULB) travaille de la même façon. La psychologue, Renée Coene, visite toutes les cliniques hollandaises pour s’assurer de l’accueil et de la qualité des soins avant d’y envoyer des femmes17.
C’est dans ce centre qu’a lieu, en mars 1975, le premier avortement en milieu extra-hospitalier18.
« Toutes les précautions avaient été prises pour éviter d’éventuels problèmes. Trois gynécologues étaient sur place et une ambulance attendait prête à partir pour les hôpitaux de l’ULB… » Il n’y aura pas d’accident, ni cette fois ni plus tard pour les IVG qui seront pratiquées dans les centres extra-hospitaliers19.
D’autres centres extra-hospitaliers se créent ensuite parmi lesquels le Collectif Contraception (1976). Né à l’initiative de membres du Groupe A, il est aidé financièrement par des centres hollandais. En effet, ceux-ci commencent à trouver la situation intenable vu le nombre de femmes belges qu’ils doivent accueillir chaque année. (11 000 en 1975 !) Le collectif incarne aussi une certaine contestation du pouvoir médical. L’avortement a conduit les féministes à cette conclusion : la santé, l’avenir des femmes ne doivent plus jamais dépendre de la décision des hommes.