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L’arrestation du docteur Peers

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Par le biais d’une émission radio, Jeanne Vercheval entend parler de Willy Peers. Confrontée à des demandes d’interruption de grossesse dans sa région, elle prend contact avec lui8. Quand il est arrêté en octobre 1973, sur dénonciation, il a aidé de nombreuses femmes envoyées par des groupes féministes. Il s’ensuit une mobilisation sans précédent. Manifestations, pétitions, interpellations se succèdent pendant toute la durée de son incarcération (35 jours) et même au-delà.

Avec le recul, on peut affirmer que cette arrestation a marqué un point de non-retour.

« Les gens ont alors pris conscience que la situation était intolérable. L’avortement ce n’est pas un progrès de civilisation, mais l’hypocrisie dans ce genre de choses n’arrange rien. Les maux sociaux, il vaut mieux en parler9. »

Dès ce moment, un rapprochement s’ébauche entre milieux féministes et laïcs, liés au planning familial. Les organisations progressistes s’impliquent également. La mobilisation autour de Willy Peers, qui revendique des actes considérés jusqu’alors comme honteux, conduit un certain nombre de médecins à se montrer solidaires et à prendre le relais10.

Notes
8.
Willy Peers est alors gynécologue à la Maternité provinciale de Namur. Avant d’être associé à l’avortement, son nom l’avait été à l’accouchement sans douleur dont il fut l’un des promoteurs aux côtés du professeur Snoeck. Militant communiste, il fut l’un des animateurs du GERM (Groupe d’étude pour une réforme de la médecine).
9.
Interview de Monique Rifflet, novembre 1991.
10.
D’autres médecins pratiquaient aussi l’avortement en cachette. Les tarifs demandés pour cette intervention, interdite par la loi, étaient prohibitifs. D’où le recours quasi systématique aux faiseuses d’anges en milieu populaire.
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