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Un premier débat sur le sujet a lieu le 26 novembre 1970 au Conseil national des femmes belges. En mars 1971, c’est au tour du centre de sociologie du droit et de la justice de l’ULB d’organiser un colloque sur la question avec la participation de diverses associations3.
Le nombre et la qualité des participants assurent à cette rencontre un certain retentissement. Marie Denis y exprime le vécu des femmes et conclut : « Si une certaine contraception est admise et même souhaitée, garder la barrière à l’avortement est une injustice car cela vient à l’encontre de ce que nous voulons promouvoir : la parenté responsable. »
En avril, paraît en France le manifeste dit des « 343 salopes ». 343 femmes célèbres, actrices, écrivaines, cinéastes… y déclarent avoir avorté et revendiquent un changement légal. Ce geste a un impact énorme car il brise le silence des femmes sur leurs avortements et établit entre elles une complicité que l’interdit légal et son cortège de peurs (peur du scandale, du procès, de la prison…) avaient rendue difficile.
Quelques mois plus tard, à Bobigny, une jeune fille de 17 ans est jugée avec sa mère, employée de métro, pour un avortement. La mobilisation des mouvements féministes, la participation au procès de l’avocate Gisèle Halimi, l’intervention de sommités scientifiques comme messieurs Milliez, Monod et Jacob, aboutissent à l’acquittement. À partir de ce moment-là, la loi française n’est plus appliquée4.
En Belgique en mai 1971, le sénateur socialiste Willy Callewaert dépose la première proposition de loi dépénalisant l’avortement5. Le texte exige l’avis écrit favorable de deux médecins lorsque des raisons médicales sont invoquées et de trois médecins lorsqu’il s’agit de raisons sociales ou socio-morales. Malgré ces restrictions, la proposition ne sera jamais discutée… L’arithmétique parlementaire, le poids des partis chrétiens et de l’Église6 semblent bloquer toute solution légale.