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Avec leur slogan « baas in eigen buik », traduit en français par « mon corps est à moi », les Dolle Mina résument bien le point de vue féministe : contraindre une femme à porter et à mettre au monde un enfant, contre son gré, revient à nier son libre choix, son autonomie, son existence même en tant qu’être humain doué de raison. Pour beaucoup de femmes, le fait d’être confrontée à l’avortement soit personnellement, soit par l’intermédiaire d’une sœur, d’une amie ou d’une voisine, est le fondement de leur conscience et de leur mobilisation féministes.
« Pendant mes études à l’ULB, une fille que je connaissais de vue est morte : elle s’était perforé l’utérus avec des baleines de parapluie. Elle avait 19 ans. Une autre étudiante est également morte d’un avortement clandestin. On savait cela, mais on n’osait pas en parler. Je me souviens avoir été terrorisée pendant plusieurs jours parce que j’avais commis l’imprudence d’aider une femme en difficulté en écrivant sur un bout de papier le nom d’une infirmière complaisante2… »
Les femmes qui revendiquent un changement de la loi trouvent l’appui d’un certain nombre de juristes, jugeant malsain le fait de maintenir une loi qui n’est pas appliquée, et de médecins, choqués d’avoir vu des femmes mourir ou devenir stériles suite à un avortement clandestin, alors qu’une intervention médicale aurait pu éviter ce drame.