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Au cours des années 70 et 71, les groupes féministes se multiplient. Le PAG (Pluralistische aktiegroep voor gelijke rechten voor man en vrouw — groupe d’action pluraliste pour l’égalité entre homme et femme) est créé à Bruges au début de l’année 1970, presque en même temps que les Dolle Mina. Plus traditionnel que ces dernières, il prône une meilleure intégration des femmes dans la société et insiste notamment sur leur représentation politique. Des sections s’organisent dans de nombreuses villes de Flandre et rencontrent un franc succès. Au point que le PAG affrétera des cars entiers pour se rendre à la première journée des femmes !
À Louvain, le GALF, Groupe d’action pour la libération des femmes, né dans la mouvance du mouvement étudiant progressiste le Mubef, rassemble des étudiantes, des assistantes d’université ou des épouses de chercheurs. Le GALF se manifeste peu dans les facs, mais organise des réunions de prise de conscience, participe à tous les rassemblements féministes et mène une action d’information sur le chômage des femmes.
« Nous voulons découvrir et inventer ensemble un mode de vie neuf et harmonieux entre hommes et femmes. Nous refusons toute appartenance à un parti politique, car dans tout parti, même s’il remet en cause le système capitaliste, qu’il s’agisse des socialistes, des communistes, des trotskistes, des maoïstes, il existe toujours une subordination de la femme à l’homme15. » En 1972, le GALF publie une brochure sur la contraception et l’avortement.
À Liège, en 1971, des hommes et des femmes se retrouvent autour de deux projets : la publication d’un livre sur les femmes et la création d’une crèche sauvage. Des membres du groupe sont allés voir ce qui se faisait à Paris et en ont ramené des idées neuves. Le projet de crèche est en passe d’aboutir lorsque les pompiers refusent leur autorisation : il n’y a pas de portes coupe-feu dans le local choisi. Les travaux prescrits s’avèrent trop coûteux, adieu la crèche… Quant au livre projeté, il se fond dans le Petit Livre rouge des Femmes auquel plusieurs Liégeoises participent.
Entre-temps, les hommes ont cessé de s’intéresser aux réunions. Le public féminin est, lui, très diversifié : tous âges, tous milieux… « on amenait même nos mamans ! » Les Liégeoises se sentent très proches des Marie Mineur de La Louvière, on les baptisera parfois « Marie Mineur de Liège ». Le groupe sert aussi de point de contact pour des problèmes d’avortement. En 1976, l’activité féministe se déplace vers la Maison des femmes, qui s’ouvre au quai des Tanneurs.
À Ixelles se réunissent quelques femmes dont certaines font partie du FLF. La plupart sont mères de jeunes enfants et très préoccupées par le manque de crèches et d’activités pour les enfants. Avec l’ACC, Action culturelle de la Cambre, elles organisent l’occupation d’un terrain vague, en bordure de la rue Gray, et son aménagement en plaine de jeux d’aventure. Ce bout de terrain, abandonné depuis des années, doit devenir « une plaine de jeux pas comme les autres où la terre et les herbes folles remplaceraient le béton, où les jeux ne seraient pas des balançoires ni des toboggans, mais des pelles, des planches et des pots de peinture. On y installerait aussi des bancs pour le troisième âge16. » Le quartier fait bon accueil aux féministes et se cotise pour acheter quatre tonnes de sable…
Un autre groupe se constitue au printemps 1971 à l’initiative de Marie Denis et prépare ce qui va devenir Le Petit Livre rouge des Femmes. Partout en Belgique, c’est l’effervescence. On se rencontre, on se découvre, on échange ses expériences.