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Aux États-Unis, la révolte naît sur les campus, dans la foulée des manifestations contre la guerre du Vietnam et de la contestation étudiante. Les premières suffragettes américaines étaient issues de la lutte antiesclavagiste. L’histoire se répète et le mouvement pour l’égalité raciale sert de référence aux nouvelles féministes à la fois sur le plan de l’analyse (la notion de sexisme par analogie au racisme), des revendications (amendement constitutionnel, discriminations positives), et de l’orientation des différents groupes (séparatisme ou intégration).
Des dizaines de groupes, très divers, mais tous exclusivement féminins, voient le jour à travers les États-Unis. Pour beaucoup de participantes, c’est une découverte :
« Ce que les femmes ressentent d’abord, lorsqu’elles se retrouvent entre elles, c’est un immense soulagement, suivi d’une grande dépense d’énergie. Des femmes qui n’ont jamais pris la parole dans une réunion mixte se mettent à parler. Des femmes qui ont souffert de leur passivité forcée prennent des responsabilités. Après des années d’assistance rituelle à des meetings, nous avons l’impression d’avoir une raison d’être ensemble3. »
Des échos de cette mobilisation parviennent jusqu’en Europe. On apprend ainsi que des femmes américaines ont brûlé leur soutien-gorge dans la rue. La nouvelle fait d’abord rire : on la met sur le compte de l’excentricité américaine. Bien vite, des reportages, des émissions radio, des témoignages, apportent des informations concrètes sur ce Women’s Lib, ses objectifs et ses activités.
Le 26 août 1970, les Américaines fêtent le cinquantième anniversaire du droit de vote des femmes par une manifestation géante dans les rues de New York. Le même jour, en France, un groupe de femmes, parmi lesquelles l’écrivaine Christiane Rochefort, déposent une gerbe sous l’arc de triomphe de l’Étoile : elle est dédiée à la femme du Soldat inconnu… et rappelle qu’ « un homme sur deux est une femme ».
Le MLF est né et ses actions spectaculaires en font vite le phare de la contestation féministe en Europe. Au point que beaucoup de personnes désignent les féministes belges sous le nom de MLF, alors que les groupes belges ont préféré adopter d’autres appellations.