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Ce radicalisme a surpris nos sociétés capitalistes, assoupies dans l’abondance des golden sixties. On a vu les drapeaux rouges et noirs flotter en tête des manifestations. Beaucoup d’étudiants se sont engagés dans des mouvements de gauche ou d’extrême gauche. Le trotskysme et l’anarchisme ont refait surface. Le maoïsme, de son côté, s’est implanté en milieu étudiant, avant de gagner les usines.
Des femmes, des étudiantes, ont participé à ces mouvements. Pourtant pas une n’apparaît parmi les vedettes politiques de l’époque. Constatant que, même au sein des groupes militants, on les trouvait surtout bonnes à préparer les sandwichs et à dactylographier les tracts, elles ont commencé à se réunir entre elles. Leurs camarades masculins s’entendent reprocher de reproduire la division des rôles entre hommes et femmes.
Une succession de textes, plus radicaux les uns que les autres, alimentent la réflexion féministe. Les discriminations que les femmes rencontrent, et les enjeux qu’elles soulèvent, ne sont-ils pas profondément semblables à ce que vivent les Noirs américains et les autres peuples colonisés ? La gauche ne s’est jamais privée de voler au secours de tous les opprimés de la terre, alors pourquoi cette impasse sur les femmes ?
« L’idée nouvelle, qui jaillit et s’impose, est que les femmes forment une classe et qu’elles ne sortiront de leur oppression qu’en transformant fondamentalement les mentalités, en changeant la vie. Elles se sentent condamnées à la révolution2. »