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Les divers groupements de promotion des femmes poursuivent cependant leur travail de fourmi, traquant et analysant les discriminations qui subsistent dans la loi et proposant de nouveaux textes.
« L’association des femmes universitaires comme celle des femmes juristes se considéraient comme des associations féministes. Le mot ne faisait pas peur. Sur le plan juridique, beaucoup de choses ont pu être faites grâce à leur travail, comme cela avait déjà été le cas avant la guerre avec Georgette Ciselet et Stella Wolf5. »
En 1958, une nouvelle loi définit les droits et devoirs des époux et reconnaît aux femmes mariées la capacité civile, après 150 ans de règne du code Napoléon. Il faudra attendre 1965 pour que le père cesse d’être automatiquement considéré comme chef de famille et 1978 pour que les régimes matrimoniaux soient adaptés au nouveau statut de la femme mariée. Le législateur n’est jamais pressé… encore moins lorsqu’il s’agit de trancher une question qui n’est pas jugée prioritaire et qui n’est pas portée par un puissant mouvement d’opinion…
Le travail des associations féminines semble mené dans la discrétion. Il est difficile de savoir si cela relève d’un choix délibéré de leur part ou bien de l’indifférence des journalistes à l’égard de ces problèmes6. Leurs activités apparaissent cependant au grand jour à l’occasion de colloques auxquels la presse est invitée.
Ainsi les États généraux de la femme organisés en 1968, au Palais des Congrès de Bruxelles, à l’occasion du vingtième anniversaire du droit de vote, sont-ils l’occasion de faire le point sur la présence des femmes dans la nation. Huit associations féminines sont associées à ce colloque organisé par le Conseil national des femmes belges7. La réunion se termine sur quatre revendications : éliminer de la loi toute discrimination, ratifier les conventions internationales garantissant l’égalité des sexes, prendre des mesures pour l’égalité des droits et son application concrète, créer les conditions pour la participation des femmes aux responsabilités de la vie collective.
Le Groupement belge de la Porte Ouverte, créé en 1929 par Louise De Craene-Van Duuren, dans le cadre de l’Open Door International for the Economic Emancipation of the Woman Worker, s’est toujours distingué par son radicalisme féministe : donnant la priorité au travail des femmes et revendiquant une égalité absolue, il conteste les mesures de protection des femmes comme l’interdiction du travail de nuit8.
Depuis 1958 [Marie Denis : 1956 ? (au crayon dans son exemplaire, p. 17)], les diverses associations disposent d’un lieu de rencontre et de réunion dans les locaux du Centre féminin, qui s’est ouvert à Bruxelles au 16 avenue de la Toison d’Or, à l’initiative de Lily Wigny9.