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Le Quart-Monde. Chez nous, ils ne forment pas le quart du monde mais pas loin de 10 % de la population, ceux qu’on appelle aussi marginaux, inassimilés, exclus. Exclus par ceux qui ne les ont pas intégrés. Exclus parce qu’ils ne gagnent pas régulièrement, donc ne cotisent pas à la sécurité sociale, donc sont insolvables, alors déménagent souvent et ont, en plus, beaucoup d’enfants…
Le livre blanc des enfants du quart-monde (1) devait paraître en cette fin de l’année de l’enfant. Sinon, nous aurions manqué oublier de nombreux enfants de nos villes, qui comprennent beaucoup de choses et ne s’expliquent pas pourquoi il ne leur est pas permis de vivre comme les autres enfants qu’ils rencontrent à l’école ou dans les rues.
« Nous aussi, on existe » disent ces enfants dans le livre que leur consacre Aide à Toute Détresse (ATD) et où la parole leur est enfin donnée.
— C’est gênant, en classe, quand on nous demande de raconter les voyages qu’on a faits, les sorties du samedi et dimanche, ce qu’on a vu pendant les vacances, on ne sait pas quoi dire !
— On nous accuse d’avoir des poux, qu’on est sale. On dirait qu’on est d’une autre planète. Pourtant, on est comme les autres, on est des enfants…
Ces enfants sont très attachés à leur famille, à leurs frères et sœurs. Ils souffrent de ce qu’on dit de leurs parents. Ils ont peur d’être séparés de leurs parents, ils savent que pour un oui, pour un non, ils risquent d’être placés. Trop mûrs pour leur âge, ils sont tout le temps sur leurs gardes, tout le temps inquiets.
Quel genre de société sommes-nous pour accepter que des enfants soient ainsi mis au ban, écartés des chances qu’ont les nôtres, empêchés d’avoir une vraie vie d’enfant et de se préparer une vie d’adulte libre ?
M.D.