Dominique Meeùs
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L’écologie est la science des équilibres, des relations mutuelles de la vie avec les différents aspects de son environnement 1. En principe, la science n’a pas en elle-même un caractère de classe 2.
Préserver cet environnement pour nous est bien de notre responsabilité et, vu les dégâts causés par « la société industrielle », c’est-à-dire essentiellement par le capitalisme, l’inquiétude est une émotion légitime qui explique l’apparition, à côté de l’écologie comme science, de préoccupations et de mouvements écologistes dans la population. La préoccupation écologiste est justifiée, mais une émotion justifiée peut conduire à des conceptions non matérialistes et irrationnelles et même à des réactions injustifiées. Il faut faire la distinction entre l’écologie comme science et une certaine idéologie écologiste.
On pourrait appeler écologisme l’idéologie plus ou moins spontanée de ces attitudes émotionnelles face aux destructions de l’environnement par le capitalisme (et aux erreurs ou insuffisances de certaines sociétés socialistes). Cette idéologie « régionale » se situe dans le cadre de l’idéologie dominante et a donc généralement des traits anticommunistes. Elle n’est qu’en partie spontanée ; il y a aussi des acteurs de la production d’idéologie écologiste, individus ou institutions (« ONG 3 » ou étatiques), et une exploitation politique de cette idéologie. Il y a une lutte à mener dans le public pour introduire des points de vue matérialistes et anticapitalistes, la nécessité du socialisme. Il est possible aussi d’infléchir l’anticommunisme dans certaines institutions. Dans cette lutte, on devrait veiller à défendre l’environnement sans se laisser contaminer par l’écologisme. On pourrait qualifier d’écologistes ceux qui, dans leur préoccupation pour la défense de notre environnement, n’arrivent pas ou pas suffisamment à se dégager de l’idéologie de l’écologisme.
Dans la mesure où l’écologisme est une idéologie non scientifique, on pourrait dire que l’écologisme donne à des problèmes réels des solutions illusoires. Ce serait un discours éthique qui pose dans une certaine mesure de vraies questions, qui soulève des problèmes réels, mais qui en se payant de mots, en donnant des réponses idéalistes, ou des réponses prétendument concrètes qui sont techniquement et politiquement irréalisables, concourt à préserver le système existant et à en empêcher le changement, ou même à le diriger dans une impasse. En ce sens, ce n’est pas seulement illusoire, c’est nuisible.
« Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire », a écrit Lénine. Il y a à ça deux raisons. Positivement : il n’est pas facile de renverser, même lorsqu’il connaît un moment de faiblesse, un pouvoir aussi fort que le capitalisme. Il faut un projet scientifique, une organisation bien huilée et une mobilisation de la masse. Négativement : si on n’a pas de bases marxistes et scientifiques solides, on est envahi par l’idéologie dominante. Les marxistes qui se préoccupent de l’environnement sans s’assurer d’avoir des bases marxistes et scientifiques sont les plus exposés à l’idéologie de la préservation de la nature pour elle-même, des solutions « vertes » et cetera de la petite bourgeoisie écologisante.
On peut appeler politique de l’environnement, les analyses, sur base de l’écologie comme science, les choix à faire, les décisions à prendre, les luttes à mener pour y arriver. C’est sur ce terrain que se situe l’analyse marxiste et l’action qui doit en découler.