Dominique Meeùs
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Charles Parain, « Caractères généraux du féodalisme », 1974

Charles Parain, Caractères généraux du féodalisme , Sur le féodalisme, C.E.R.M., 1974, p. 13-17.

[…] les caractères dominants pour ce qui est des rapports de production concordent et sont, en gros, les suivants :

  1. Les rapports sociaux de production sont essentiellement noués autour de la terre, car ils reposent sur une économie à dominante agricole.
  2. Les travailleurs ont sur la terre des droits d’usage et d’occupation mais la propriété appartient à une hiérarchie de seigneurs, dont aucun n’a la disposition absolue du sol, mais dont chacun a, sur le produit ou les héritages de ses inférieurs, des droits de prélèvement fixés par la coutume.
  3. À cette base économique correspond tout un réseau de liens personnels : une partie des travailleurs — la majorité aux époques de développement typique — ne jouit pas d’une entière liberté personnelle ; il n’y a pas « esclavage » (propriété de la personne), mais «servage » (attachement du paysan à son maître, homo proprius), plus tard à son exploitation (adscriptus glebae) ; même entre seigneurs, le système de propriété est lié à un système de devoirs (en particulier militaires) dus à la personne du supérieur.

Par là même, la superstructure politique du système est originale. A la limite, elle implique la disparition de l’Etat souverain. L’autorité s’exerce de personne à personne. Le fait essentiel, à ce point de vue, est que la justice est rendue par le « suzerain » sur ses « vassaux », et par le « seigneur » sur les paysans. L’exploitation des prélèvements économiques et l’appareil juridico-politique sont donc très étroitement liés.

Tant que cet ensemble de traits détermine le fonctionnement d’une société, on est en droit de l’appeler « société féodale ».