Dominique Meeùs
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Auteurs : A, B, C, D, E, F, G, H, I, J, K, L, M, N, O, P, Q, R, S, T, U, V, W, X, Y, Z,
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Je ne suis qu’à la moitié (ai-je écrit début 2011). C’est passionnant, mais vous devrez attendre encore un moment que je vous en dise plus. En août 2023, je me mets enfin à noter des choses.
La science progresse par un travail collectif. De nouvelles hypothèses s’opposent à d’autres. Il en ressort un nouvel état, une avancée de la science. Ceci est un livre à thèse. Ce n’est pas un exposé de l’état de la science résultant de son progrès collectif, c’est une lutte entre deux lignes. Il est indéniable qu’il a fallu en sciences humaines corriger des biais masculinistes. En consultant diverses sources sur ces questions et cette orientation (en particulier Kristen Hawkes, James O’Connell et Nicholas Blurton Jones 2018), je vois que la paléoanthropologie est un terrain très polémique, avec des hommes et des femmes ensemble, dans les différentes orientations qui s’affrontent, surtout dans tout ce qui touche de loin ou de près à la psychologie évolutionniste.
11 Apes on a Plane4“Wired” to cooperateLe sujet du livre est bien rendu par son titre en « others », les alloparents, tous ceux qui aident, qui remplacent la mère par moments. Cet intertitre, quant à lui, indique une des orientations du livre : nous sommes phylogénétiquement programmés pour coopérer, mais le premier alinéa élargit directement le sens de coopération : on y parle d’empathie et d’altruisme. (Cela me fait penser à un autre livre, Van Duppen-Hoebeke 2016, y compris dans les glissements de sens parfois : coopération, empathie, altruisme…)
332 Why Us and Not Them ?653 Why It Takes a VillageIn Chapter 2, I explained that other primates possess neural machinery for imitation and at least a rudimentary capacity to identify with others. The common ancestor of modern humans and chimpanzees presumably also had every incentive to evolve a sophisticated theory of mind and would have benefited from ever-shrewder and more Machiavellian intelligence or from enhanced pedagogical capacities, yet natural selection never favored their acquisition. What happened, then, in the line leading to the genus Homo to favor evolution of these traits ? In this chapter and the next I hypothesize that novel rearing conditions among a line of early hominins meant that youngsters grew up depending on a wide range of caretakers than just their mothers, and this dependence produced selection pressures that favored individuals who were better at decoding the mental states of others, and figuring out who would help and who would hurt.
It is often asserted that early hominins were selected for a better mind-reading capacity because it would prepare youngsters to acquire culture, or because it would make humans better at coordinating complex activities. Sounds good — except that natural selection, lacking foresight, does not work that way. Blindly groping along with no particular end in view, Mother Nature pays no heed to future benefits such as being better able to generate culture or coordinate large-scale activities. Directional selection favoring improved mind reading required immediate payoffs. Individuals a little bit better at interpreting someone else’s mental state and engaging with them emotionally had to have a better chance than groupmates of surviving and reproducing in the here-and-now. What other apes apparently lacked was an environment in which the components of mind reading and sharing could first develop and then be subjected to selective pressures that favored their possessors.
So what sort of environment would provide already clever and manipulative, highly social (but also highly selfish) apes the opportunity, first, to develop intersubjective abilities right from a formative early age and, then, to benefit from them ? In what sort of environment would natural selection actually favor those who were just a little bit more inclined to share ? In this chapter I will summarize evidence for thinking that hominin infants must have been reared differently from any other ape. By possibly as early as 1.8 million years ago, hominin youngsters were being cared for and provisioned by a range of individuals in addition to their mothers, and these rearing conditions set the stage for the emergence of an emotionally more modern ape. Long before our ancestors evolved into big-brained, anatomically modern humans, early hominins were being reared by alloparents as well as parents. Once outed, this long-hidden secret in our family closet requires us to consider exactly what roles these hitherto unacknowledged benefactors played.
It was the end of the twentieth century before evolutionary anthropologists like myself began to consider just how hard it would have been for foragers to rear surviving children, and then to piece together disparate strands of evidence indicating that the help of group members in addition to the genetic parents was absolutely essential for the survival of infants (birth to weaning) and children (weaning to nutritional independence) in the Pleistocene. The need for alloparental succor transformed the selection pressures that shaped our species, and in doing so altered the way infants developed and then the way humans evolved.
Il faut être prudent avec les spéculations évolutives. On peut juger avec raison qu’un trait présente un avantage, mais le fait que ce trait soit apparu n’implique en rien qu’il ait été sélectionné et, s’il l’avait été, qu’il l’ait été pour cet avantage. (Un trait peut être reçu en prime, en marge d’une évolution par sélection de tout autre chose.) Cela dit, une spéculation évolutive est acceptable si on la maintient bien sous statut d’hypothèse.
Elle minimise trop la theory of mind des chimpanzés, à qui aurait manqué la sélection d’un trait machiavélien. Frans de Wael trouve justement les chimpanzés extrêmement machiavéliens. Cela rejoint ma remarque plus haut sur les glissement de sens. Être plus ou moins coopérants, c’est une autre trait que la theory of mind.
Les chimpanzés sont peu sociaux pour ce qui est de faire collectivement, du moins phylogénétiquement. Cependant, certaines populations de chimpanzés en forêt de Taï ont développé culturellement une technique très élaborée de chasse collective (Boesch2002, repris aussi dans McGrew2004). Ainsi les chimpanzés n’ont pas des pratiques collectives instinctives, mais l’évolution leur a quand même donné la potentialité de le faire culturellement. On pourrait dire aussi des humains qu’ils ont reçu de l’évolution de leur espèce la potentialité de développer culturellement la coopération, l’empathie, l’altruisme. La question de l’inné et de l’acquis reste ouverte. L’évolutionnisme spéculatif comporte aussi le piège d’oublier l’acquis, de tout vouloir inné.
Il y a ensuite spéculation sur les faits. Le mode de vie, la difficulté de collecter assez de nourriture aurait imposé aux femmes chargées d’enfants de les confier à d’autres et à d’autres dans l’entourage de l’accepter. Cela s’observe dans des populations d’aujourd’hui. Il est légitime de supposer que c’est très ancien, nécessité faisant loi. C’est d’une légitimité sans doute comparable aux suppositions de Judith Brown (Brown 1970) sur la division sexuelle du travail chez les chasseurs-collecteurs primitifs et les deux hypothèses peuvent être liées.
1114 Novel Developments1435 Will the Real Pleistocene Family Please Step Forward ?1756 Meet the Alloparents2097 Babies as Sensory Traps2338 Grandmothers among Others2739 Childhood and the Descent of Man