Dominique Meeùs
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Auteurs : A, B, C, D, E, F, G, H, I, J, K, L, M, N, O, P, Q, R, S, T, U, V, W, X, Y, Z,
Auteur-œuvres : A, B, C, D, E, F, G, H, I, J, K, L, M, N, O, P, Q, R, S, T, U, V, W, X, Y, Z,
Les contradictions sociales du capitalisme contemporain, Lava , ISSN : 2565-7119 (papier), 2565-7127 (online), no 6, 1er octobre 2018, p. 63-83. En ligne : https://lavamedia.be/fr/les-contradictions-sociales-du-capitalisme-contemporain/. Aussi en néerlandais : Fraser 2018-nl.
La question de la reproduction de la force de travail et de la classe ouvrière (et de la place des femmes là-dedans) est une question difficile. La réponse proposée (si c’en est une) par la social reproduction theory (si c’en est une) est assez obscure. Les faiblesses de l’article montrent la difficulté à bien cerner le problème et à trouver chez Marx les fondements théoriques qui aideraient à l’analyser. Je pense, entre autres, aux concepts de force de travail et de valeur de la force de travail, au partage du salaire entre salaire net, direct, et salaire indirect ; au fait que toujours les capitalistes paient le salaire en dessous de la force de travail — parfois beaucoup ; que quand ils veulent diminuer les salaires, ils s’attaquent d’abord au salaire indirect ; tout cela semble concerner directement cette question de reproduction et être trop peu pris en compte. Cet article et d’autres (voir social reproduction theory dans l’index) m’encouragent à étudier la question, mais je ne suis pas sûr d’être capable de faire mieux que ces auteurs (ou le plus souvent autrices).
L’article de Nancy Fraser est structuré comme suit :
Pour dire vrai, dans les différentes versions, les titres sont toujours d’un seul niveau. Je ne crois pas trahir sa pensée, au contraire, en faisant de ses trois moments du capitalisme des subdivisions de l’historicisation.
Je me propose alors de mettre ci-dessous [à venir] des considérations générales et de mettre plus bas, dans la structure même de son article, des citations et commentaires.
Fraser a certainement beaucoup à apporter, comme on le voit dans son Féminisme en mouvements (Fraser 2012-fr). Il me semble que dans le présent article, elle retombe dans un économisme qu’ailleurs elle veut dépasser.
On entend beaucoup parler aujourd’hui de « la crise du care ». Souvent associée aux notions de « pénurie de temps », d’ « équilibre famille / travail » et d’ « affaiblissement social », cette expression fait référence aux pressions qui, de nos jours, s’exercent de toutes parts, sur toute une série de capacités sociales essentielles, à savoir la mise au monde et l’éducation des enfants, la sollicitude envers amis et membres de la famille, la tenue des foyers et des communautés sociales, ainsi que, plus généralement, la pérennisation des liens sociaux.
Étant à la fois affectif et matériel, souvent non rémunéré, c’est un travail indispensable à la société. Sans cela, il ne pourrait y avoir ni culture, ni économie, ni organisation politique. Toute société qui fragilise systématiquement la reproduction sociale ne peut perdurer longtemps. Et pourtant, c’est aujourd’hui précisément ce qu’est en train de faire une nouvelle forme de société capitaliste.
On est mal parti.
D’une part on mélange des choses très différentes, comme de véritables travaux physiques, matériels liés à la reproduction de la classe ouvrière et de l’affectif comme la « sollicitude ». (Ceci peut être une faiblesse de la traduction. « Caring for friends… » en anglais est peut-être plus matériel que « sollicitude ». Mais elle dit bien « affectif et matériel ».)
D’autre part ces « pressions qui, de nos jours… » n’ont rien de nouveau de nos jours. Toujours le capitalisme paie la force de travail en dessous de sa valeur, parfois plus, parfois moins, selon la conjoncture et le rapport de force. Il est clair que, dans l’actuelle crise de plus de quarante ans2, c’est assez marqué, mais cela n’a rien de qualitativement nouveau. Que la force de travail, toujours plus ou moins mal payée, soit plus mal payée et que la politique vire fortement à droite ne constitue pas « une nouvelle forme de société capitaliste ». Toujours le capitalisme « fragilise… la reproduction sociale » et qu’est-ce alors que « systématiquement » aurait maintenant de spécifique ? Il est systématique que la force de travail soit mal payée, mais jamais, pas plus maintenant qu’auparavant, l’objectif du capitalisme n’est d’exterminer « systématiquement » la classe ouvrière. Ce qui est peut-être caractéristique de notre époque, c’est que le capitalisme attaque le salaire surtout dans sa composante de salaire indirect, ce qui est plus facile parce que moins visible, moins évident pour les travailleurs qu’une diminution marquée de leur salaire net.
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