Dominique Meeùs
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Auteurs : A, B, C, D, E, F, G, H, I, J, K, L, M, N, O, P, Q, R, S, T, U, V, W, X, Y, Z,
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Livre prometteur (je n’en suis qu’au début), à travers la question de la Révolution française de 1789, sur les difficultés du matérialisme historique.
C’est une version retravaillée pour l’édition de la thèse de doctorat de George Comninel, sous la supervision d’Ellen Meiksins Wood, après avoir pu travailler un temps (alors au Canada) avec l’historien communiste britannique George Rudé, lequel signe un avant-propos.
⁂
Ce qui est en question, c’est le caractère de lutte de classes de la Révolution française et entre quelles classes et pour quel enjeu.
Il y a sur la révolution de 1789 une abondante littérature libérale, plus ou moins conservatrice ou plus ou moins moderniste, bien antérieure au marxisme, dont une grande partie en affirme déjà le caractère de révolution bourgeoise. (Pour certains libéraux, les violences sont les excès regrettables de la populace, tandis que pour d’autres une certaine violence était nécessaire pour que la bourgeoisie conquière sa juste place dans la société moderne.) Quand par la suite on a de 1789 des analyses marxistes, ce courant libéral attaque le marxisme, lequel a cependant conservé de la tradition libérale certains points communs. Une partie de la littérature peut alors être qualifiée de révisionniste, dans la mesure ou elle remet en question les certitudes à la fois d’auteurs marxistes et d’auteurs libéraux antérieurs. George Comninel mentionne un grand nombre d’auteurs de divers courants1, avec d’abondantes références en notes de fin de chapitre.
Tant pour la conception marxiste de la révolution bourgeoise que pour la conception libérale, le problème se pose de savoir dans quelle mesure ces conceptions collent aux faits de la Révolution française (ou de la Révolution anglaise), ou si on a voulu forcer les faits à entrer dans une certaine conception.
Parmi les marxistes qui réexaminent la question, George Comninel cite l’approche structuraliste de Régine Robin2.
Dans un premier temps, les tenants de la tradition tirent argument de cette tradition pour écarter les objections : on ne peut sérieusement mettre en question une unanimité qui remonte à Antoine Barnave dans son livre de 1792 (publié seulement en 1843). Mais après la publication en 1976 d’un article de Michel Grenon et Régine Robin, Albert Soboul est obligé de défendre la position marxiste orthodoxe (p. 42).
Un des points en discussion est la définition de bourgeoisie, entre la haute bourgeoisie de la grande propriété foncière ou du capital commercial et la petite bourgeoisie des producteurs (artisans, paysans propriétaires). (Des capitalistes au sens où on l’entend depuis Marx sont sans doute très rares alors.) Par ailleurs, il y a aussi la question de ce qui reste de féodal en ce temps-là. Pour l’auteur, tant Albert Soboul que Régine Robin cherchent à sauver le marxisme.
Both Robin and Soboul, as Marxists, take as given that the Revolution was a bourgeois revolution situated in the transition from the feudal mode of production to the capitalist mode of production. Since this has been a central element in Marxist thought, and Marx himself unquestionably held to it, they — as Marxists — have presumed the fundamental necessity of maintaining this point; they have taken for granted that it is in some sense true. Each, then, defines what they believe to be Marxist and true, taking first this premise and then considering the historical evidence regarding the Revolution and the emergence of capitalism. They differ in the way they propose to ‘read’ Marx and this evidence, but each takes for granted that whatever is ‘essential’ to Marx’s analysis will be retained.
En fait le mythe de la révolution bourgeoise, en tant que révolution d’une classe bourgeoise contre quelque autre classe, avait déjà assez bien été dégonflé dans le cas de la Révolution anglaise, avec Christopher Hill (p. 49), puis Robert Brenner (p. 50) et d’autres.
[À suivre.]