Dominique Meeùs
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Auteurs : A, B, C, D, E, F, G, H, I, J, K, L, M, N, O, P, Q, R, S, T, U, V, W, X, Y, Z,
Auteur-œuvres : A, B, C, D, E, F, G, H, I, J, K, L, M, N, O, P, Q, R, S, T, U, V, W, X, Y, Z,
J’ai trouvé ça vraiment un livre mauvais. Sur cette expression, deux remarques :
Le chapitre 1 survole l’histoire des débuts du communisme. L’auteur s’étonne de la coexistence des qualificatifs socialiste et communiste. Il ne semble pas lui-même comprendre que ça puisse avoir un sens. A-t-il jamais lu Marx ? Marx a analysé le capitalisme et a agi politiquement dans le mouvement ouvrier. Il a peu écrit sur le socialisme et le communisme, mais pour le peu qu’il en ait dit, on voit se dessiner clairement l’idée que le communisme ne peut venir qu’au terme d’une longue transition après une révolution et tout le monde admet (mais ça dépasse Chuzeville) qu’on peut appeler socialisme cette transition. Il mentionne aussi des partis « sociaux-démocrates », mais il semble ignorer que le terme correspondait à une situation historique précise.
C’est dès les premiers mots du chapitre 2 que je m’étrangle. C’est à ce moment que je rédige en pensée la phrase par laquelle je commence cette recension. On retrouve au chapitre 2 (ou question 2) tous les poncifs de l’anticommunisme primaire. À part Rosa Luxemburg, dont on sait qu’elle n’a pas compris ce qui se passait en Russie et dont on connaît la dispute avec Lénine à ce sujet, mais qui était honnête, tous les auteurs cités dans ce chapitre sont des champions connus de l’anticommunisme. (On retrouve en passant l’ignorance de l’idée de transition.)
Au chapitre 3, on apprend que
… encore en ce début du xxie siècle des militantes ont subi des viols au sein d’organisations se disant communistes et les violeurs ont parfois été protégés par les hiérarchies des partis, situation révoltante qui montre la persistance de réflexes d’entre-soi masculin et de déni de la gravité de ces crimes.
Il y a deux cas notoires de ça. Je ne sais pas si c’est à celles-là qu’il pense. Une organisation trotskiste anglaise importante (importante à une échelle trotskiste), le SWP, se déchire en 2013 sur un scandale de ce genre. Ensuite, une organisation, en quelque sorte fille de la première, l’ISO aux États-Unis2, éclate en 2019 sur la révélation d’une affaire du même genre, étouffée depuis 2013. On ne peut parler là « d’entre-soi masculin » : la secrétaire générale était une femme, qui a écrit sur le féminisme !
Le chapitre 4 entreprend de montrer que rien ne sépare vraiment anarchisme et communisme. C’est une indication du courant auquel on pourrait rattacher l’auteur3, ce que l’ensemble des orientations du livre confirme d’ailleurs. Le titre « Le communisme s’oppose-t-il à l’anarchisme ? » pose le problème qu’on retrouve à tous les chapitres. Le mot communisme couvre tantôt une société idéale vers laquelle on tend, tantôt les courants d’idées qui de ceux qui y tendent.
J’ai été choqué par l’anticommunisme du livre. Mais même ceux que ça blesserait moins que moi n’apprendrons pas grand-chose dans ce livre. Tout reste assez vague et creux. Les titres des chapitres sont formulés comme des questions (les Dix questions du titre du livre), mais les textes offrent des considérations floues, jamais des réponses.