Dominique Meeùs
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Hannah Arendt, The Origins of Totalitarianism, 1962

Hannah Arendt, The Origins of Totalitarianism : (5th printing of the 1958 edition), Meridian Books, 1962, xvi + 520 pages.

Dans la préface à la première édition (p. vii), elle se lamente sur l’époque qui a connu deux guerres mondiales et qui en prépare peut-être une troisième : « sheer insanity, if judged by the standards of other centuries ». Tout le monde sait, en effet, qu’avant le vingtième siècle, l’histoire est caractérisée par sa raison et son humanité.

1 Part One : Antisemism3 Chapter One : Antisemitism as an Outrage to Common Sense

Contre ceux qui pensent que l’histoire commence par l’étude des faits (je pense à des naïfs comme E. P. Thompson, dans The Poverty of Philosophy or an Orrery of Errors), pour une vraie philosophe, comme Hannah Arendt, l’histoire est fabriquée selon des lois, dont la loi de Tocqueville (p. 4) selon laquelle le peuple déteste encore plus les perdants. On a droit alors (p. 4-5) à des spéculations philosophico-psychologiques sur ce qui se passe dans la tête des gouvernés à l’égard des puissants, qui seraient dans une certaine mesure respectés parce que servant à quelque chose, tandis que des riches qui ont perdu leur fonction de pouvoir sont méprisés.

Plato, in his famous fight against the ancient Sophists, discovered that their “universal art of enchanting the mind by arguments” (Phaedrus 261) had nothing to do with truth but aimed at opinions which by their very nature are changing, and which are valid only “at the time of the agreement and as long as the agreement lasts” (Theaetetus 172). He also discovered the very insecure position of truth in the world, for from “opinions comes persuasion and not from truth” (Phaedrus 260). The most striking difference between ancient and modern sophists is that the ancients were satisfied with a passing victory of the argument at the expense of truth, whereas the moderns want a more lasting victory at the expense of reality.

P. 9.

Des philosophes comme Heidegger et Arendt sont trop difficiles pour moi. (Platon aussi.) Je ne peux décider s’ils sont plus négligents à l’égard de la vérité ou de la réalité. Je ne sais donc s’il faut les considérer comme sophistes anciens ou modernes. La difficulté est que Hannah Arendt prétend faire œuvre d’historienne, se basant sur les faits, mais les faits, elle les créée elle-même.

11 Chapter Two : The Jews, the Nation-State, and the Birth of Antisemitism

Notre époque serait marquée par le déclin de l’État-nation (p. 3-4). On apprend en passant (p. 11) que le sommet de son développement a été dans le 19e siècle. Suivent des considérations obscures sur les relations (ou leur absence) entre les classes et l’État. Elle souligne (p. 13) le fait que les Juifs dans leur ensemble ne constituent pas une classe. Mais elle conteste aussi qu’ils puissent appartenir à une classe. Pour elle, les Juifs sont tous riches, utiles à ce titre à l’État-nation, qui les maintient comme groupe à part. En effet, les bourgeois, c’est bien connu (p. 15), ne s’intéressent pas à la politique ou à l’État. Elle utilise abondamment les concepts de nation et de nation-state, mais, supposant le lecteur aussi cultivé qu’un être supérieur comme elle, elle ne juge pas utile de les définir. Ce serait propre d’abord à la monarchie absolue et au-dessus des classes. La monarchie absolue cherche une classe sur laquelle s’appuyer, comme la monarchie féodale pouvait le faire sur la noblesse (p. 16). P. 17, on découvre que les monarchies absolues sont bien ennuyées : aucune classe ne désire se mêler du pouvoir, aucune ne veut devenir classe dirigeante. (Mais on ne sait toujours pas ce qu’elle entend par nation-state, gouvernement, etc.)

L’État (cet être mystérieux, doté d’une vie propre) « choisit » donc de se développer tout seul, en conflit avec la bourgeoisie qui choisit les investissements privés (p. 17).

Un État qui a une âme, comme une personne, qui fait des choix de société, indépendamment des classes (puisque celles-ci l’abandonnent dans une affreuse solitude), c’est du roman, pas de l’histoire. Mais beaucoup de philosophes s’octroient le droit d’écrire n’importe quoi. Les bras m’en tombent. Je ne crois pas pouvoir continuer à lire 500 pages de telles élucubrations.